vendredi 26 juin 2015

Concert nocturne


Et puis vient le moment où le voilier se transforme en instrument de musique. Un manche (le mât), des cordes (les haubans), et une caisse de résonnance (la coque),  avec la particularité que tu assistes au concert à l'intérieur de l'instrument.
Nomade, mon voiloncelle ...?

Pour celui qui n'a jamais vécu un coup de vent à l'intérieur d'un voilier, c'est une expérience assez particulière, et souvent un concert inoubliable.
Ça se met en place de manière progressive avec les premiers coeurs qui entament le chant lugubre du vent qui commence à accorder les haubans sur la partition qu'il va nous jouer.
Houuuu, houuuu, commence à me jouer Nomade qui n'obéit désormais plus qu'à son nouveau maître. Houu, houuu, t'es tout seul, t'as peur, hein, dis le que t'as peur ..!!  Mais non j'ai pas peur, mais juste une petite sonatine gentillette me suffirait, j'ai pas envie d'une grande symphonie.
Les houhou prennent parfois des accents wagnériens, et pour sûr il n'y a pas que des cordes, il y a aussi des instruments à vent, des cors sans doute, des haubois ( de moins en moins en bois dans les bateaux modernes) et une armée de coeurs, tous dans un élan lyrique, parfois on se dit qu'il en fait un peu trop dans le style.

Viennent les rythmiques et les percussions, à-coups de rappel du bateau qui tire sur son mouillage, claquements du clapot dans la voûte arrière de la coque qui se font plus marqués, crissements des divers éléments du gréement ou de l'accastillage, tap-tap de l'objet qui cogne contre une cloison et dont on ne parviendra jamais à déterminer lequel c'est précisément.

Le concert n'est pas que sonore, il est également sensoriel.
Nomade n'est plus seulement un instrument, il est devenu un orchestre à lui tout seul.
Quand tout est en place, tu n'as plus le choix, tu ne dormiras pas, tu devras assister au concert malgré toi, Eole dirige à la baguette et il fait de toi son public obligé.

Puis vient un moment où les coeurs lugubres semblent aller moderato, decrescendo, les grands phrasés se font plus éloignés puis comme un chuchottement, les tap-tap s'apaisent, c'est comme un long final à la Tchaïkovski dans La Pathétique, manière de terminer en douceur une symphonie qui fit scandale à l'époque parait-il ....

On sent que le concert va sans doute bientôt  s'achever et qu'on va pouvoir dormir, peut-être...vais-je applaudir ?



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