samedi 22 août 2015

Une conclusion ...

...est-elle nécessaire ?

Nomade a retrouvé sa place toute chaude au ponton C7 du Port du Crouesty, j'ai retrouvé mes voisins de ponton, puis après un premier rangement sommaire et un coup d'autobus pour rejoindre Vannes j'ai repris pied sur terre et redécouvert la maison, le jardin est superbe sous les petits soins de Marie-Claire bien qu'elle bosse comme une dingue ces temps-ci ... Le barbecue a  flambé illico sous le grand soleil hier soir comme pour donner le change mais là ce soir c'est fini, il pleut comme un air irlandais...
Je suis rentré et puis voilà !
Entre les rangements vidages et nettoyages de Nomade, je me retrouve avec sur les bras des tonnes de souvenirs, d'images, étonné encore que mon "petit" bateau de moins de 10 mètres ait pu en porter autant !
Pour ne pas perdre le fil trop vite, j'ai passé la journée de samedi à bord, et j'ai entrepris de réparer la bosse de premier ris cassée lors de la traversée retour.
Le genre d'exercice agaçant, passer un cordage en double à travers un profilé aluminium dans lequel voyagent et coexistent des tas de trucs et de machins qui l'empêchent de glisser.
Après quelques jurons et engueulades de la sainte trinité et toute sa cohorte, je suis enfin parvenu à glisser deux "messagers" un aller et un retour, à l'aide de bouts de fils de fer torsadés qui me permettront d'y accrocher et passer le cordage quand j'aurai trouvé le "réa de bosse de ris" de remplacement de celui disparu en mer (la voile est un monde bardé de vocabulaire volontairement hermétique, comme bien des spécialités qui veulent se réserver à leurs seuls aficionados, mas un réa n'est qu'une poulie, en définitive, adaptée au profil dans lequel elle s'insère ... épicétou !)

Un bilan  technique ?
Déjà, 2000 milles nautiques ( soit environ 3700 kilomètres) parcourus, dont 1600 en solitaire, c'est ma première "grande virée solo", et c'est pour moi une totale réussite sur tous les plans ( dans "l'ancien monde" que j'ai quitté, on m'aurait dit " tu as atteint tes objectifs").
Nomade a bien tenu le coup, à part la panne de vérin du pilote automatique qui peut tenir de l'usure de l'âge combinée à la forte sollicitation en solitaire, et puis une bosse de ris cassée ... pas mal, non? Pour un périple exigeant comme peut l'être un tour d'Irlande avec un "moins de 10 m"?
L'entretien ceci dit, est primordial. Par exemple à Howth (Dublin) avant la route du retour, j'ai fait un bon entretien moteur, vidange, et pompe à eau inspectée et turbine remplacée, sans quoi j'aurais eu à coup certain un souci moteur car la turbine de pompe avait une pale cassée, mais je n'avais pas de symptôme pour autant ... donc prévention !

Parmi les travaux à prévoir pour le prochain voyage l'an prochain ( oui, oui, c'est prévu et ça commence à se caler ...):
- renforcer l'autonomie d'énergie : panneaux solaires, peut-être une éolienne à demeure car Dudule l'hydro-éolienne c'est bien, mais fastidieux à passer de l'un à l'autre ( ... mais garder l'hydrogénérateur, pour les longues navigations, ça en solitaire c'est top !)
- en corollaire = un portique arrière ou pas pour supporter solaire et éolien ?
- installer un vrai groupe froid à compresseur, dans les contrées frisquettes comme l'Irlande, mon "frigo" actuel ne frigotte pas en dessous de 8 à 9 degrés par 15 degrés dehors, tout en consommant trop. Pour aller plus au "Sud" ça ne suffira pas. Nomade a eu une première vie plutôt nordique ( Belgique, puis nord de la France, puis Bretagne), là il va falloir le "sudifier" un peu ...
- revoir l'agencement intérieur pour garder des fruits et légumes dans des rangements mieux aérés, actuellement ils ne le sont pas assez et s'abîment trop vite.
- revoir certains points d'humidité ( condensation ? manque d'étanchéité ?) dans les cabines.
- le solent (voile d'avant complémentaire), par gros temps, est super, on fait du près efficace  ( = remonter au vent) qui n'a rien à voir avec un génois enroulé qui "fait le sac" , mais aller l'établir en solo à l'avant quand ça "piaule" est un challenge", il faut travailler le sujet .
- revoir de manière sérieuse la liste de pièces de rechange moteur essentielles, ne plus se trouver pris au dépourvu dans les contrées "peu équipées".
- l'idée d'un émetteur AIS me tente bien, voir les autres par ce procédé de données numériques transmises sur les ondes VHF est vraiment une aide précieuse ( traverser le rail des cargos par exemple, on aurait du mal à se passer d'un récepteur AIS désormais) , mais être vu aussi, c'est encore mieux ... et puis de la même manière que j'ai pu par exemple "voir" les amis français au RM12.90 à une dizaine de milles en arrivant sur l'Ecosse, eux n'ont pas pu me voir, je n'avais qu'un récepteur, et c'est bien dommage !

Bon, et la suite, alors ?
Déjà, reprendre pied sur terre va sans dire, mais faire le tri des souvenirs, des émotions, des images, ressortir les pinceaux peut-être ? ( sans doute !) et puis redevenir disponible ... mine de rien, pas si simple après une expérience comme celle-ci, teintée de la fascination du "solitaire" qui procure un sentiment de liberté vraiment hors du commun.

La suite maritime, avec un départ au printemps, sera cette fois-ci vers le Sud ....
J'y reviendrai  plus en détail ici dans quelques temps .

Merci à tous, du fond du coeur, pour votre présence au travers de ce blog pendant ces trois mois, pour vos messages de sympathie et d'encouragements.























jeudi 20 août 2015

Dernière escale

Après Loctudy et ses "demoiselles' ( les langoustines toujours excellentes), il y a eu Concarneau et le charme de sa ville close,  les Glénan avec un mouillage déjeuner toujours aussi chouette à l'île de Penfret avant de rejoindre Groix, y retrouver les Dupont sur leur "Basil", et un port archi-bondé, puis Sauzon à Belle-Ile, toujours aussi archi-bondé, le beau temps, des températures réellement estivales qui me font sortir au grand air mes mollets tous blancs de 3 mois irlandais et réapprendre à supporter une vraie chaleur estivale.

Ce soir c'est la toute dernière escale de cette flânerie bretonne, à Port Haliguen (Quiberon) où il y a dîner chez des amis. JP et Laurence ont déjà quitté Nomade.
Demain je suis à la maison, et Nomade sera à son port d'attache du Crouesty.
Il me vient à l'esprit ces moments uniques, déjà à ranger dans les souvenirs, comme cet écrit "sur le vif" un soir de juillet dans la "Little Killary Bay", où je restai coincé deux jours et demi à attendre la fin d'un coup de vent...
J'ai juste envie de finir là-dessus ce soir ...

Little Killary Bay - 10 juillet 2015

Tout d'un coup, depuis l'ouverture de la cabine sur le cockpit de Nomade qui se dandine au bout de sa ligne de mouillage, j'aperçois le dévalement d'un ruissellement que je n'avais pas encore remarqué, comme un torrent, qui dégringole de la montagne directement dans la Little Killary Bay où je suis ancré depuis un jour et demi et où j'attends que les éléments se calment. Comme pour renforcer l'impression d'être allé me perdre dans un paysage de lac de montagne alors que je suis sur la côte nord-ouest irlandaise.
Des moutons parcourent les lieux en toute liberté, au milieu de la route même, et personne aux alentours.

A bord de Nomade, je suis dans le rythme des rafales qui viennent hurler dans les haubans comme pour rompre les moments de quiétude et de silence de l'endroit.

C'est comme une métaphore de la vie, tu te crois au calme, tranquille, et puis viennent des rafales imprévues qui viennent te bousculer dans ton quotidien, dans tes certitudes, qui renversent tout ... Peut-être pour te reconstruire, qui sait, mais encore faut-il daigner les accepter, les intégrer, en faire tes alliées qui te conduisent à te repenser toi-même.

Métaphore, oui, quand je me demande ce que je fous ici, seul, dans un coin perdu d'Irlande dans des conditions pas forcément de celles que l'on recherche ...au même titre qu'on se pose la même question , qu'est-ce que je fous ici, sur terre.

Malgré la météo exécrable, la tentation de décrocher le mouillage et de pousser plus loin me tente à plusieurs reprises, et puis quelque chose me dit de rester, me dit qu'il y a quelque chose d'autre peut-être, à comprendre là-dedans...
Ce soir, enfin, le calme total est revenu, plus de ces hurlements du vent, juste les clapotis de l'eau contre la coque, puis quasiment plus rien. Sentiment de plénitude alors que je sais déjà que demain ça va recommencer, et en plus fort, que je vais faire moultes fois le tour du bateau, surveiller la ligne de mouillage pour voir si elle ne décroche pas, un brin d'inquiétude toujours présent à l'esprit. Je sais qu'il faudra attendre un jour de plus avant de retrouver des conditions qui me permettront de reprendre ma route, et que là où nos conditions de vie ordinaire nous conduiraient à rechercher comment " tuer" le temps en attendant, il faudra bien au contraire "mettre à profit" de genre d'instant unique dans une vie.
 

En fait, dans cette expérience, tous les ingrédients sont réunis pour faire en sorte qu'il apparaisse à l'évidence qu'il est vain de lutter contre les éléments, et qu'il faut au contraire apprendre à les accepter, à les intégrer, à s'y faire accepter avec les bons gestes y compris ceux de l'humilité de savoir faire le gros dos face à leur puissance.
Ça pourrait être un peu ça, finalement, apprendre à vivre ....
Ce soir, après une journée exécrable de pluie et de vent, le grand calme est là, ainsi que de sublimes trouées de soleil qui viennent donner une impression magique et grandiose à l'endroit. Les reliefs prennent soudain tous leurs constrastes, les escarpements rocheux surmontés des landes verdoyantes acquièrent une majesté qui était totalement estompée dans le mauvais temps qui avait tout engrisé.... Eh oui, il fallait rester pour voir cette magie!








lundi 17 août 2015

Raz de Sein, Bretagne Sud, et la suite

C'était sans doute le dernier lever très tôt, dimanche, pour un départ à 4 heures du matin afin de prendre le courant à temps pour passer le Raz de Sein. Lever du soleil radieux, qui enflamme le Cap de la Chèvre et la Baie de Douarnenez au fond



Puis passage du Raz de Sein et retombée dans la grisaille de dimanche, puis la pétole (plus de vent)
Bretagne Sud, Loctudy, puis traîner encore un peu, Concarneau, Groix où Laurence vient rejoindre JP, passer à Belle-Ile, mouiller à Sauzon, Port Haliguen déposer JP et Laurence, je suis déjà presque à la maison, mais de quoi flâner pour faire durer jusqu'au bout ...

samedi 15 août 2015

Camaret, cette fois c'est sûr…

Jeudi soir, le vent avait commencé à monter comme prévu et dans la nuit, au mouillage de St Mary's aux Iles Scilly, il m'avait empêché de dormir en tapant son gros clapot sous la voûte de la jupe arrière de Nomade.

Décidés de partir dès le vendredi matin, dans une météo encore musclée, avec Pinou, nous préparons le premier ris dans la grand-voile avant de larguer l'amarre et puis ça y est, la route se présente sous une forte houle croisée et un vent arrière de 20 à 25 noeuds, le ton est donné, ça roule, c'est dur à barrer, ça part à l'abattée ou au lof; les vagues viennent «péter» régulièrement sur nous. Nous alternerons des quarts d'une heure à tour de rôle, pas plus, c'est physique.
Moment chaud quand la bosse de premier ris ( le cordage qui sert à établir la première réduction de la grand-voile) casse ... nous naviguerons sous 2 ris, nous y perdons un peu de performance mais gagnons en stabilité dans les déferlantes.

Malgré tout, des moments de grâce viennent nous réconforter comme ces dauphins qui nous accompagneront à plusieurs reprises , dans l'après-midi, le soir, et au lever du jour, parfois faisant route avec nous pendant de longs moments dans leurs ondulations élégantes ou leurs virevoltages autour de Nomade. Certains nous ont fait des démonstrations de leurs bonds spectaculaires hors de l'eau.

Le vent n'a baissé véritablement qu'en fin de la longue nuit, vent toujours «plein cul» qui est dur à tenir y compris pendant la traversée du rail d'Ouessant et ses mastodontes de cargos dont on devine l'approche sur l'ordinateur avec leur trace AIS puis leurs lumières en visuel en se posant la question … on y va ou on n'y va pas ?

Il nous a fallu compenser avec l'aide du moteur en fin de nuit pour être certains d'arriver à temps pour avoir les courants dans le bon sens dans le Passage du Chenal du Four avec la vigilance qui s'impose pour traverser l'autoroute maritime....sinon nous ne passerions pas.



Les derniers dauphins nous ont quittés juste avant l'aube, avant d'aborder la pointe de Bretagne comme s'ils nous laissaient rentrer en Bretagne en voulant nous dire «ça y est, les amis, vous êtes chez vous ...»

Camaret, grand soleil, sensation estivale que j'ai l'impression de redécouvrir, et l'émotion, l'espèce de pincement au coeur de me dire que l'aventure touche à sa fin.

Quelques étapes d'ici à Vannes ou au Crouesty, des amis qui vont sans douter nous rejoindre en bateau d'ici aux prochaines étapes restantes, pour faire le bout de route restante ensemble …



Je suis sur le pont de Nomade, à la fois empli d'une envie mais incapable de dormir, en tee-shirt et en short, pieds nus, première fois depuis trois mois, redécouvrant une vraie sensation d'été.

Il faut que je décante cette somme d'émotions et de souvenirs, que je rassemble mes idées pour formuler une conclusion à ces trois mois exceptionnels, cette tranche de vie si particulière …



Là les mots manquent pour continuer, et il y a cette sensation que je ne sais pas décrire encore … 

 Non, ce n'est pas un retour en Irlande, c'est bien la Bretagne, à l'approche de Camaret



jeudi 13 août 2015

Rebouclage aux Scilly

Partis après un bon déjeuner poissons, Kilmore est un port de pêche, un léger portant a commencé à nous pousser vers les Scilly tranquillement et sous un beau soleil.
Le vent est un peu monté en pleine nuit, de celles qu'on gardera en souvenir d'une belle navigation.
Journée poissons plus que jamais, JP nous sort chacun notre maquereau pour le dîner .... 
Ciel étoilé total, dauphins venus nous saluer et nous accompagner le soir, puis à plusieurs reprises au lever du jour et dans la matinée, puis une arrivée aux Scilly avec un ciel qui se couvre hélas.
Ce jeudi c'est sale temps, pluie, vent qui monte, jusqu'à vendredi matin.
Départ prévu vendredi matin, cap sur la Bretagne, Camaret ou Brest, nous devrions avoir un début de navigation assez musclé puis une arrivée sur la Bretagne dans un temps plus calme.

Nous lâchons nos derniers Pounds dans quelque Guiness ou Doombar ( .. J'aime bien celle-ci....) pour pouvoir choper du réseau qui fonctionne un tant soit peu et prendre des fichiers météo ...
Ça y est, ça sent le retour plus que jamais.

Petite vidéo , Nomade au lever du jour suit sa route vers les Scilly...
Basse definition, le réseau aux Scilly est complètement saturé et ça passe péniblement.



mardi 11 août 2015

Dernière escale Irlandaise

C'est à croire que l'Irlande ne voulait plus nous laisser repartir.
Par un beau soleil comme j'en ai rarement eus depuis 2 mois que j'y suis, le vent par contre était sud-sud-ouest donc dans le nez pour descendre la dernière étape des 55 milles qui séparent Arklow de Kilmore sur la côte sud. 20 à 25 noeuds en pleine figure avec une mer houleuse et cassante, des bords à n'en plus finir, du courant dans le bon sens pendant les 6 premières heures puis à contre ensuite, on n'avançait plus et cela commençait à ressembler à ce qu'on appelle des "bords carrés".
Puis bien évidemment pour le dernier bord plein ouest, le vent commence à mollir et tourne sur l'ouest, donc à la fin on s'aide au moteur sinon on y passe la nuit avec les courants qui remontent.


La trace en jaune ... affreuse ...Nomade à la peine pour passer la sortie de la mer d'Irlande, puis enfin arrivé à Kilmore ( la flèche rouge)
 
14 heures de navigation, pas moins, pour s'extirper de cette mer d'Irlande, arrivés à la tombée de la nuit, dans le tout petit port de Kilmore.
Cette fois ça y est, nous quittons l'Irlande ce mardi vers midi, cap sur les Scilly.

 Kilmore, pêcheurs, et quelques pontons
 
Parés pour les Scilly

dimanche 9 août 2015

Joe l'irlandais ...

Première prise de contact avec l'Irlande pour JP, avant d'aller s'amariner en mer d'Irlande, on prend le Dart, une espèce de RER - ça fait une transition douce en Suresnes, Penthièvre et Dublin - qui nous emmène de Howth à Dublin direction, quartier Temple Bar , le quartier où il faut aller absolument. 


Pidou s'illustre de suite en ne choisissant pas une Guiness mais une SmithWicks ( une Smithwicks , non mais je vous jure ..!. Moi ça fait 2 mois et demi que j'ai adopté la Guiness sans broncher, pétri de respect et de modestie pour cette gloire nationale, tout de même ... mais que voulez vous, on ne convertit pas le Joe alias Pidou comme ça ...) 




Puis illico sorti du pub  The Temple Bar du quartier du même nom, il entame une carrière éclair d'animateur de groupes de filles-en-enterrement-de-vie-de-jeune-fille en goguette ...




Ce gars là a l'air d'être fait pour ce pays ... !
Bon ça c'était pour le premier jour, samedi, pour l'acclimatation ( en plus, il arrive, il fait beau ... alors que je vis dans une météo assez particulière depuis quelque temps déjà ..!)

Depuis aujourd'hui ... au boulot Pidou ... non mais !!



Ceci dit, même en mer, et ben avec lui, il fait beau ... ce mec là a une de ces manières de se rendre indispensable,non mais vraiment, c'est presque déloyal ... j'ai jamais eu une météo comme ça depuis que je suis en Irlande !! ( Ceci dit ... ça pourrait ne pas durer ...)

vendredi 7 août 2015

Nouvelle donne

Deux mois et demi, déjà, que j'habite le rêve qui m'avait emporté depuis longtemps dans les méandres de ses incertitudes, de ses peurs enfouies, de ses envies de renoncements et de ses élans prometteurs qui me procuraient une énergie folle.
Deux mois et demi d'une vie dans un espace visuel, sonore et sensoriel mélangé de folie et d'envoûtement, où Nomade est devenu ma maison, mon cocon où je me réfugie, où j'explore la suite du rêve dans des sommeils vigilants mais confiants, et où le présent se savoure dans une lucide intensité que je ne crois pas avoir connue auparavant.
Les rencontres avec les gens - mais que dis-je, les gens ... bien plus souvent des amitiés brèves que le hasard m'a servies sur le plateau doré de l'authenticité et du sens du partage et que je ne reverrai plus – ont effacé toute impression de solitude malgré mes navigations en solitaire.
Reinhold et Monica, Bill, Henri et Geneviève, Anne et Michel, Patrick et (zut j'ai oublié, mes hollandais si gentils lui et ses allures de vieux hippie tout de blanc chevelu et barbu et surtout elle dont je ne me pardonnerai pas d'avoir oublié son prénom – il me reviendra ? - et dont j'entends encore son émouvant «Take care with you, Dominique» quand on s'est quittés…), Bruno et Maryvonne, Tom, Wally, et j'en oublie beaucoup, et dont je n'ai même pas eu le temps de retenir les noms, mais leur empreinte est là …
Et puis tous ceux que j'ai croisés même brièvement et qui souvent m'ont livré leurs conseils, leur attention, leur gentillesse, un salut de la main accompagné d'un mot agréable comme ce jovial « bon voyage» de l'éclusière de Killrush, la pointe d'accent à renverser le coeur. Ce voisin de ponton à Howh, aujourd'hui, un local, qui vient toquer au bateau et me dire spontanément «si tu as besoin de quoi que ce soit, surtout n'hésites pas ...»
Merci à tous ceux-ci, et puis à vous aussi pour votre présence pressentie avec intensité, amis, famille et lecteurs dont j'ai reçu en plein coeur les messages personnels du genre «on voyage avec toi, Dom»(si je vous disais mes statistiques journalières de lecture …parfois je n'en reviens pas!). Merci d'avoir contribué à m'aider à «tenir la barre» tout seul dans ces contrées exigeantes et magnifiques.
Et parmi les lecteurs voileux, sincèrement, je vous le dis, si ce n'est pas déjà fait, venez vous enivrer ici, au moins une fois. Bien de ceux que j'ai rencontrés et cités plus haut on carrément le virus, et n'en finissent pas de revenir alors il faut bien les croire en cela qu'il y a quelque chose de différent … qui vaut largement tous les ciels bleus des latitudes bien plus sud …dans sa dimension si particulière et authentique.

Lonely sailor, but never totally alone.
Et même s'il se passait bien souvent plusieurs jours vraiment isolé à attendre dans un coin abrité au mieux qu'on peut la fin d'un coup de vent, chaque coin de ciel dégagé même le plus bref m'a livré ses émerveillements.

Ce soir, mon équipier arrive, et c'est une nouvelle page qui s'ouvre pour cette route du retour.
Tom le pilote va pouvoir se reposer, le temps ne va plus se dérouler de la même façon, c'est un autre partage qui va commencer et la route à venir promet d'être encore bien passionnante avec quelques étapes irlandaises jusqu'à refermer la boucle intégralement sur Kinsale avant de redescendre, via les Scilly, sans aucun doute sauf si la météo, sans laquelle rien n'est possible, en décide autrement ...

Pour nombre d'entre vous, il me semble inutile de le présenter.
Jean Pierre, alias JP, Pinou, Joe … voire Joe Le Teigneux, Eagle IV (à bien prononcer à l'anglaise, I'gueul fort) … un gars qu'a déjà bouffé des milles bien avant moi …
Chouette je vais pouvoir faire des vraies siestes même en pleine mer...!

Bienvenue à bord, mon JP… !!

Howth ...

jeudi 6 août 2015

Wally ...

Un petit mot à propos de Wally ... Papy Wally comme je l'avais nommé ....
Il est revenu cet après midi avec une courroie de rechange sortie de je ne saurai jamais où ... Et surtout qui m'aura coûté ... Absolument rien ! Et puis rien à faire si j'insiste.
Quand je lui dis qu'il est trop aimable, il me répond avec son petit sourire en coin " oh, I'm probably a stupid man ..." 
Je lui propose une bonne bouteille ... Pas le temps, papy Wally est à fond, tout le temps.
Il prend le temps de me donner quelques conseils sur la route de retour, la descente de la côte est d'Irlande... Je lui demande où il en est sur son projet de construction de son énième bateau et s'il compte naviguer avec et quand ( wally a 76 ans ...)
Wally de son air de jovial fataliste répond quelque chose que je traduis par " tant que l'autre, là-haut ne m'a pas donné le signal d'arrêter, ya pas de raison de ne pas continuer ..."

Sacré Wally ...!
Super Wally ...!!
Adieu Wally ....!!!

mardi 4 août 2015

Ah, ces irlandais, tout de même ...!

Papy Wally, encore une rencontre étonnante … 76 ans, une énergie et un coeur gros comme ça !
Comment ne pas vous en parler ?

Dans mes inspections du bateau avant de reprendre la route du retour, j'inspecte et je construis ma liste de choses à revoir et remplacer, et dont la courroie d'alternateur qui commence à avoir du vécu …
Puis je trouve un shipchandler à 2 stations de DART ( le RER local) de Howth.
… Petite boutique peu achalandée, je trouve tout de même mes coulisseaux de grand-voile, mais pour les courroies moteur (alternateur et pompe à eau) je vois que ça n'est pas dans leurs habitudes, le gars me répond d'un regard un peu désolé .
Puis il discute avec un client présent, et ledit client me dit carrément qu'il va m'emmener dans un autre magasin où ça devrait se trouver.
Me voilà donc dans la camionnette poussiéreuse et brinquebalante de Wally …
Wally, 76 ans, a construit la bagatelle de 8 bateaux dans ses cinquante ans de vie de marin.
Etant un peu gêné par cette générosité spontanée, Wally me rassure «Tu sais, dans ma vie de marin on m'a souvent aidé, c'est normal que j'en fasse autant .. »
On débarque ensemble dans un autre magasin à quelques kilomètres de là, genre mécanique générale, hélas ils n'ont pas de référence croisée équivalente à la mienne ou bien il faudrait que je revienne le lendemain matin avec les courroies pour qu'on voie en direct ...ce que je propose de faire en me disant que j'ai bien le temps d'ici la fin de la semaine…
Et bien non, Wally me dit tout de go «je vais te les trouver tes courroies, je repasserai ce soir à ton bateau pour prendre tes exemplaires et  tu les auras mercredi ou jeudi ... ». Et il me redépose à la première station Dart.
Un peu interloqué, je rentre au bateau, démonte mes courroies … et effectivement ce soir, toc-toc … papy Wally est là, promesse tenue, il vient chercher mes courroies pour me trouver les équivalentes... sans rien demander d'autre que le plaisir de rendre service.
Que dire de papy Wally ? Il bourlingue encore en mer, il a encore l'intention de construire un autre bateau, en alu cette fois-ci, genre OVNI, et en plus il connait bien Tom, celui qui m'a arrangé le coup, trouvé un mouillage d'attente et trouvé mon vérin de pilote à Westport… Ils ont même navigué ensemble. « It's a small world, you know! » me dit-il ...

Décidément, me dit Bruno, du couple de français sur leur joli plan Fauroux avec lesquels j'ai passé la soirée d'hier et de ce soir … ce genre de type tu les attires !

Standby à Howth

Suite à la journée sportive de dimanche, je suis donc en standby à Howth jusqu'à la fin de la semaine en attente de l'arrivée de mon équipier de choc pour la route du retour.
Je pense faire la boucle complète en finissant par mon pont d'arrivée à Kinsale en trois étapes à priori depuis Dublin.
d'ici là, unpeu d'entretien sur Nomade en perspective, dimanche la matériel a un peu souffert, des coulisseaux de grand voile qui ont cassé, à remplacer, la rotule d'accrochage du vérin de pilote sur la barre qui a envie de se faire la malle, il faut que je reprenne ça, et d'autres petites choses qui demandent un peu de soin avant de repartir.
Howth est une petite ville très agréable, très touristique aussi, la marina  est bien équipée et bien moins grande que l'immense Dun Laoghaire et son ambiance citadine, il y a aussi une importante flotte de pêche, des bons pubs, des restaurants de toutes sortes, des jolies ballades autoir de la presqu'ile, et Dublin y est accessible rapidement via le Dart, une sorte de RER local.
D'autres rencontres faites ici, comme ce couple de français, encore un, qui reviennent depuis des années comme la plupart de ceux que j'ai rencontrés, dans ces contrées Irlande Ecosse, allant tout au Nord de l'Ecosse, aux Hebrides, et qui ne se lassent pas de ces régions si particulières, et si attachantes, malgré leur météo qui est ce qu'elle est.
Je sais déjà une chose .... J'y reviendrai, et j'irai voir tout là-haut !

Sans doute assez peu d'articles dans la semaine, reprise vendredi soir ou samedi, pour l'arrivée du fameux équipier.


dimanche 2 août 2015

Ivresse

J'hésitais entre "baston" et "ivresse" pour titrer cette journée … "ivresse" me semble le mieux approprié.
Ivre de tout ce vent, et aussi de ce qui peut s'appeler une journée de baston.
Le choix depuis la veille au soir était entre partir, et donc très tôt, ou pas et dans ce cas là rester coincé à Ardglass jusqu'à jeudi, soit cinq jours, au vu de la météo qui arrive... pas très motivant de rester.
Hésitation partagée avec un couple d'Irlandais jusqu'au dernier moment, à 4 heures et demie ce matin même pour avoir les derniers fichiers météo et être sûrs de ne pas prendre un risque inconsidéré.
Une choise est sûre, il n'y a pas beaucoup d'arrêts abrités sur la route, donc on s'engage sur les 55 milles du parcours "théorique"...
Nous avons fait la même route, je les avais en vue en permanence, quelque part ça donnait un côté rassurant, je n'étais pas tout seul dans ce machin-là ...
Mais finalement ça tout de même été chaud, sportif, mouvementé, exigeant !
Vent sud-sud-est pour descendre au sud, qui est monté au-dessus de trente noeuds par moments (en vent réel)
Mer qui blanchit, qui déferle ses vagues venant exploser dans le cockpit, un ris dans la grand-voile pour la réduire, puis deux ( la première fois que ça m'arrive sur Nomade, et il les fallait !) , génois réduit au tiers puis au quart, embardées, pilote le moins souvent possible vu les conditions et donc barrer pendant des longues heures – quatorze heures de bagarre, je dois bien le dire, avec un solide petit-déjeuner avalé à 4 heures et demi le matin puis un vague grignotage d'un bout de pain-fromage vers le midi … pas le moment de s'attarder sur ce qu'on va manger.
Bref, une journée baston pour de vrai.
A l'arrivée à Howth, près de Dublin, partagé entre l'envie d'aller me coucher ou celle de manger un boeuf entier, j'ai opté pour le premier pub venu … un méga-steack arrosé d'un ( ..heu, deux..) verres de merlot, et rentrée au bateau comme si je marchais sur des nuages, en réalité, je flotte, ou j'évolue sur une espèce de coussin d'air, bien plus enivré de tout ce vent et de ces sensations accumulées, mes jambes doivent ressembler à deux coton-tiges.
Enivré par cette journée de déferlement de sensations, bien plus que par les deux malheureux verres d'un vague merlot chilien servi dans un pub où le brouhaha m'a laissé comme un extra-terrestre sorti de sa capsule … l'impression, de ne plus savoir où j'habite …

Mais j'y suis, à Howth, à côté de Dublin, posé là et il peut bien venter encore …. moi je vais dormir!!
Enfin ... pas avant d'avoir satisfait mon petit rituel du soir : ma petite tisane de camomille ...

samedi 1 août 2015

Pour quelques Pounds de plus


J'ai bien fait de ne pas me délester de mes dernières Livres.

Pour bénéficier du maximum des courants dans le bon sens, ils sont importants sur cette zone et orientés Nord-Sud ( ou l'inverse bien sûr !), je suis parti encore plus tôt que d'habitude. Debout à 4 heures, amarres décrochées à 5, genre «à nous deux ...»
Au début du parcours aidé par le courant, jusqu'à 2 noeuds, et avant de bifurquer plus sud, c'est grisant, mer encore assez plate, allure près bon plein, Nomade file à 8 à 9 noeuds sous un ciel bien dégagé et déjà plus de quinze noeuds de vent. Puis vient une houle courte et raide qui fait taper le bateau, enfourner l'avant et arroser le cockpit, le vent monte dans les 20 noeuds, allez il faut prendre un ris, réduire le génois, je tenterais bien le solent car mon cap en prend un coup mais aller à l'avant tout seul pour l'endrailler et mettre l'étai largable dans ces conditions, même attaché avec le harnais je renonce, c'est là où je vois que ce système a ses limites, sauf à le prévoir à l'avance en solo, au moment où les conditions demanderaient de le mettre, c'est un moment de sport intense.

Déjà j'y suis allé une fois à l'avant, pour raccrocher mon tangon qui se décrochait … heuu, j'y retourne pas, là ...bien rincé !
Le ciel reste bien dégagé, beau soleil, il ne pleut pas mais à part ça c'est une navigation assez fatigante, et puis je suis bien arrosé à plusieurs reprises, heureusement protégé par la capote.

Virements de bord à répétition, mes bords sud-est pointent directement vers l'Ile de Man, pour laquelle l'idée me traversait dans le départ calme du petit matin, mais là, non, avec cette mer, et puis une fois là-bas, avec ce vent sud-ouest, pas de port plaisance, les mouillages sont-ils exposés ou pas ? Je n'ai pas les détails des instructions nautiques de cette île, non, je n'y vais pas .. Et puis là, c'est vraiment fatigant.

Reprenant mon idée d'étape à Carlingford, au train où je vais, j'arriverai dans le Carlingford Lough pour le remonter avec un plein courant de marée, donné jusqu'à 4,5 noeuds.
Pourquoi aller me mettre dans la gueule du Lough ?
Une petite encoche dans le profil de côte sur la carte m'attire l'oeil, Ardglass, j'avais pensé la mettre en étape il y a quelques jours, puis j'avais changé d'avis … Et bien c'est décidé, j'y vais.

Ardglass, c'est un tout petit port de pêcheur, qui fait penser tout de suite à la Bretagne, on s'y croirait. Une petite zone de quelques pontons pour la plaisance permet d'accueillir les voiliers de passage, et c'est là encore le principe de la honesty box, tu mets la somme dans l'enveloppe et le tout dans la boite aux lettres. Une douche, du Wifi ( faut aller dans le bâtiment) … parfait !

C'est la fête au village, ambiance kermesse dans le port. Etalages, dégustations, jeux de chamboule-tout en boites de conserves, cage-d'écureuil flottante dans le port dans laquelle jouent les gamins …objets de diverses fabrications locales exposés dans une salle...un petit patelin sympathique et je suis encore en Irlande du Nord, avec mes «Pounds»
Quelques pontons 

 Et un petit air de Bretagne


Et puis Dublin ne sera plus qu'à 55 milles, je compte aller à Howth dans une petite péninsule un peu au-dessus et que j'ai envie d'essayer avant d'aller (ou pas ..?) à Dun Laoghaire, car c'est aussi proche du centre de Dublin à priori, et c'est celui-ci dont quelqu'un m'a parlé en disant «vas donc plutôt là ...»