jeudi 20 août 2015

Dernière escale

Après Loctudy et ses "demoiselles' ( les langoustines toujours excellentes), il y a eu Concarneau et le charme de sa ville close,  les Glénan avec un mouillage déjeuner toujours aussi chouette à l'île de Penfret avant de rejoindre Groix, y retrouver les Dupont sur leur "Basil", et un port archi-bondé, puis Sauzon à Belle-Ile, toujours aussi archi-bondé, le beau temps, des températures réellement estivales qui me font sortir au grand air mes mollets tous blancs de 3 mois irlandais et réapprendre à supporter une vraie chaleur estivale.

Ce soir c'est la toute dernière escale de cette flânerie bretonne, à Port Haliguen (Quiberon) où il y a dîner chez des amis. JP et Laurence ont déjà quitté Nomade.
Demain je suis à la maison, et Nomade sera à son port d'attache du Crouesty.
Il me vient à l'esprit ces moments uniques, déjà à ranger dans les souvenirs, comme cet écrit "sur le vif" un soir de juillet dans la "Little Killary Bay", où je restai coincé deux jours et demi à attendre la fin d'un coup de vent...
J'ai juste envie de finir là-dessus ce soir ...

Little Killary Bay - 10 juillet 2015

Tout d'un coup, depuis l'ouverture de la cabine sur le cockpit de Nomade qui se dandine au bout de sa ligne de mouillage, j'aperçois le dévalement d'un ruissellement que je n'avais pas encore remarqué, comme un torrent, qui dégringole de la montagne directement dans la Little Killary Bay où je suis ancré depuis un jour et demi et où j'attends que les éléments se calment. Comme pour renforcer l'impression d'être allé me perdre dans un paysage de lac de montagne alors que je suis sur la côte nord-ouest irlandaise.
Des moutons parcourent les lieux en toute liberté, au milieu de la route même, et personne aux alentours.

A bord de Nomade, je suis dans le rythme des rafales qui viennent hurler dans les haubans comme pour rompre les moments de quiétude et de silence de l'endroit.

C'est comme une métaphore de la vie, tu te crois au calme, tranquille, et puis viennent des rafales imprévues qui viennent te bousculer dans ton quotidien, dans tes certitudes, qui renversent tout ... Peut-être pour te reconstruire, qui sait, mais encore faut-il daigner les accepter, les intégrer, en faire tes alliées qui te conduisent à te repenser toi-même.

Métaphore, oui, quand je me demande ce que je fous ici, seul, dans un coin perdu d'Irlande dans des conditions pas forcément de celles que l'on recherche ...au même titre qu'on se pose la même question , qu'est-ce que je fous ici, sur terre.

Malgré la météo exécrable, la tentation de décrocher le mouillage et de pousser plus loin me tente à plusieurs reprises, et puis quelque chose me dit de rester, me dit qu'il y a quelque chose d'autre peut-être, à comprendre là-dedans...
Ce soir, enfin, le calme total est revenu, plus de ces hurlements du vent, juste les clapotis de l'eau contre la coque, puis quasiment plus rien. Sentiment de plénitude alors que je sais déjà que demain ça va recommencer, et en plus fort, que je vais faire moultes fois le tour du bateau, surveiller la ligne de mouillage pour voir si elle ne décroche pas, un brin d'inquiétude toujours présent à l'esprit. Je sais qu'il faudra attendre un jour de plus avant de retrouver des conditions qui me permettront de reprendre ma route, et que là où nos conditions de vie ordinaire nous conduiraient à rechercher comment " tuer" le temps en attendant, il faudra bien au contraire "mettre à profit" de genre d'instant unique dans une vie.
 

En fait, dans cette expérience, tous les ingrédients sont réunis pour faire en sorte qu'il apparaisse à l'évidence qu'il est vain de lutter contre les éléments, et qu'il faut au contraire apprendre à les accepter, à les intégrer, à s'y faire accepter avec les bons gestes y compris ceux de l'humilité de savoir faire le gros dos face à leur puissance.
Ça pourrait être un peu ça, finalement, apprendre à vivre ....
Ce soir, après une journée exécrable de pluie et de vent, le grand calme est là, ainsi que de sublimes trouées de soleil qui viennent donner une impression magique et grandiose à l'endroit. Les reliefs prennent soudain tous leurs constrastes, les escarpements rocheux surmontés des landes verdoyantes acquièrent une majesté qui était totalement estompée dans le mauvais temps qui avait tout engrisé.... Eh oui, il fallait rester pour voir cette magie!








2 commentaires:

  1. Oui, humilité, contemplation, "appartenir au monde sans vouloir le dominer", c'est aussi ce que j'avais confusément ressenti.Il te faudra faire le tri de toutes ces émotions, mais sans aucun doute, tu sortira de cette expérience unique avec un regard différent sur le monde et sur les gens en général; Empathie est sans doute le terme que je retiens.

    Bon retour chez les terriens.

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  2. Quand on embarque sur son bateau on jauge vite son Skipper propriétaire. Dom sur Nomade un Delher 31 bien équipé n’a rien laissé au hasard pour sa navigation hauturière. En mer le bateau est agréable et rapide.
    De Dublin nous rejoindrons Camaret en 4 étapes avec des conditions +/- musclées , puis sous le soleil avec un temps de saison nous flânerons sur les cotes bretonnes , embarquerons Laurence et retrouverons des copains à Port Tudy , avant de rejoindre notre pays Vannetais.
    Pour Dom il y a une phase de réadaptation, il semple évident que dans sa tête il y aura une suite.
    J’ai passé un bon moment avec Dom, merci Dom de m’avoir accueilli à ton bord, lundi je retrouve mon RER A, j’aurai aussi une phase de réadaptation…
    Kenavo JOE

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