vendredi 18 août 2017

Un bilan






Quelques chiffres :


Nombre de jours de voyage : 341 – du 13 aout 2016 au 22 juillet 2017
Temps de navigation cumulé : 83 jours et demi soit 25% du temps total
Distance parcourue : 10 016 milles nautiques
La plus longue étape : 2391 milles nautiques, de Pointe à Pitre (Guadeloupe) à Horta (Açores), en 19,15 jours
La plus grande distance sur 24 heures = 152 milles lors de la transat retour avant les Açores
Temps d'utilisation du moteur : 376 heures, soit 19% du temps navigué, mais le moteur est parfois utilisé hors navigation, pour recharger les batteries par exemple au mouillage sans soleil et sans vent.



Bien entretenu, ça a bien tenu :


Nomade revient à son point de départ dans un très bon état global compte tenu du parcours effectué.
Les voiles restent en très bon état et ne semblent pas avoir souffert.
-          Grand-voile en hydranet
o   Seconde grand-voile en dacron classique, non utilisée, de secours.
-          Génois en mylar-double taffetas
o   Second génois classique en dacron utilisé pour le portant entre Cap Vert et Antilles
-          Spi assez peu utilisé, en solitaire et dans des mers formées je préférais éviter d’avoir à gérer des manoeuvres de spi.
-          Par contre j’ai très souvent tangonné le génois au portant, il porte mieux, bat et faseye beaucoup moins et s’abime par conséquent beaucoup moins.


Taud de grand-voile bien fermé à l’arrivée autant que possible pour limiter l’action des UV.
Rincer de temps en temps les voiles permet de dessaler les coutures qui sinon s’abiment plus vite. 


Le moteur Yanmar 18CV à priori d’origine (1991) tourne comme une horloge ;
Bien révisé, vidangé, anodes remplacées, rotor de pompe à eau changée, au départ, puis en milieu de parcours à St Martin aux Antilles (+280 heures depuis le départ)



Carénage et antifouling avant départ et en milieu de parcours à St Martin. 
Dans les eaux chaudes des Caraïbes, la coque se peuple de nombreux habitants végétaux et animaux à grande vitesse. J’ai souvent frotté la coque en apnée pendant les mouillages pour limiter la prolifération.





Ce qui a souffert :
La rupture du rail de tangon pendant la transat Cap-Vert – Antilles est la seule vraie casse enregistrée.


L’arrachage d’arbre d’hélice vers St Barth résulte en partie de la somme d’un ‘’ pas de bol’’ pour le bout dans l’hélice et du ‘’massacre’’ du tourteau aux Canaries lors du changement d’hélice. 


Les joints de hublots et des plexiglass latéraux ont sans doute séché  (et/ou craquelé ?) et perdu de leur étanchéité. Pendant les longues traversées avec les vagues arrosant le point en permanence, j’ai eu des entrées d’humidité dans les équipets latéraux supérieurs du carré et notamment des livres (mes beaux guides de navigation) mouillés et abimés. Les plexiglass sont également bien faïencés, ils l’étaient un peu avant le départ, mais désormais ils sont à changer. 


De même les matelas de la cabine avant et les coussins du carré prenaient vite l’humidité pendant les grandes étapes et mettaient du temps à bien sécher. 


La capote de rouf a bien souffert. Avec la somme des arrosages incessants, le sel et les UV de ce parcours très ensoleillé, les coutures lâchent les unes après les autres. Un écran transparent de la capote s’est entièrement décousu pendant la traversée du Golfe de Gascogne. J’ai fait des reprises de coutures à la main en cours de voyage, et à la machine à la maison, mais elle sera à refaire entièrement assez rapidement.
Une bonne capote est un élément de confort important pour un tel voyage, je dirais même primordial et indispensable. 


La drisse de grand-voile, changée à St Martin, a ragué contre les joues latérales du réa en tête de mât après les nombreuses prises et largages de ris effectués depuis le cockpit et parfois à la ‘’va-vite’’, arrivé à Horta elle était en amorce de rupture, c’aurait été très–très ennuyeux en cours de route !


Fuite d’eau au presse étoupe. 
Le presse étoupe de Nomade est un joint de type ‘’joint Volvo’’.
Lors de la révision d’avant départ il avait été changé. Mais il me semble qu’il a commencé à fuir dès ce changement car je retrouvais fréquemment de l’eau dans le fond du bac moteur.
Après le changement d’hélice aux Canaries, ça ne s’est pas arrangé vu le ‘’massacre de tourteau’’ fait au démontage de l’arbre et remarqué par le seul pro digne de ce nom à qui j’ai eu à faire ensuite à St Martin (http://dom-nomade.blogspot.fr/2017/03/un-petit-tour-sec.html
De fait j’ai toujours eu ce suintement qui à la longue finit par faire une petite quantité d’eau qui vient parcourir les fonds du carré après des bons coups de gîte.
Ce type de joint ne devrait pas fuir ainsi après si peu d’heures.
De mémoire, même lors de la révision d’avant départ j’avais entendu là aussi le gars ( .. du Crouesty …)  taper sur le tourteau un peu comme celui des Canaries pour extraire l’arbre d’hélice. Tous ces ‘’pros’’ ne savent manifestement pas démonter un tourteau Vetus correctement, et m’ont endommagé cette partie-là, car je n’avais jamais eu de tel écoulement d’eau au presse étoupe auparavant.


Je ne citerai pas le nom des ‘’pros’’ … mais ils le mériteraient. 


Moralité : ne vaudrait-il pas mieux faire soi-même ? Pas sur tout, mais sur cette partie, je l’envisage désormais ! Revoir le joint Volvo et l’arbre ?



L’indispensable :
Surtout en solitaire, le régulateur d’allure.
Sans mon brave Benhur, je ne sais pas si je serais allé au bout de ce voyage tout seul.
Quasiment exempt  de risque de panne vu la simplicité mécanique, ne consommant aucune énergie, capable de tenir le bateau sur son cap même en cas d’avarie d’énergie ou de panne électrique, c’est un vrai élément de sécurité et je peux le dire …un vrai compagnon, un barreur à part entière. 


Ce qui a manqué ou devrait être amélioré :
Un bimini. Je n’en avais pas car la bôme est très longue, elle va non loin du pataras à l’arrière et elle est assez basse, donc difficile d’en mettre un, mais je dois avouer que parfois certaines navigations en plein ‘’cagnard’’ étaient assez éprouvantes.
Pas facile sur Nomade cependant …. 


Un support pour l’annexe. 
Au départ d’un mouillage, remonter l’annexe à bord, la dégonfler, la plier et la ranger, puis refaire tout à l’inverse au mouillage suivant. Ça devient vite fastidieux.
La laisser sur le pont et naviguer comme ça, je n’aime pas, ça encombre le pont, coince les écoutes….


Les solutions classiques, annexe suspendue par un palan à un portique arrière, ou à des bossoirs, ne sont guère accessibles à Nomade qui est doté d’un régulateur d’allure qui encombre l’arrière et nécessite un espace aérien vierge de perturbations de flux d’air pour bien fonctionner.


Priorité était donnée au régulateur d’allure, j’ai donc fait l’impasse sur cet élément de confort tout comme sur le précédent…qui en sont pourtant tous deux de vrais de vrais !



Dans le même esprit ‘’confort d’un mouillage à l’autre’’ un davier plus costaud à l’avant qui permette de laisser l’ancre à poste une fois remontée.
Celui de Nomade actuellement ne le permet pas et nécessite d’aller à l’avant pour remonter l’ancre ( une Brittany 16 Kg penché et à bout de bras, c’est parfois lourd et casse-dos) à bord et la ranger dans la baille à mouillage. 


Ces trois points sont un peu des conséquences de la taille modeste de Nomade qui ne permet guère de les mettre en place comme ils le sont sur la quasi-totalité des voiliers rencontrés en transat et généralement plus gros.



En matière de sécurité :
Le harnais? En solitaire j’en ai pris l’habitude un peu comme la ceinture de sécurité en voiture, il était presque toujours capelé, avec une double longe prête à l’emploi, de manière à éviter autant que possible d’aller par exemple à l’avant ‘’vite fait’’ en faisant l’impasse sur le geste de prudence … une connerie, un pied qui bute quelque part, et … plouf ? C’est si vite arrivé … ! 
Des exceptions dans les grands farnientes-bronzage allongé dans le cockpit par temps léger, guère plus.



Petit mais des avantages :
Facile à manœuvrer en solitaire, très habitable pour autant, un avantage non des moindres pendant ce voyage a été que compte tenu de sa taille modeste, Nomade a toujours trouvé une place partout où je suis allé, y compris dans des ports parfois encombrés.
Et mine de rien, c’est un vrai ‘’confort’’. 


On constatera assez souvent qu’en matière de bateau, les frais sont relativement proportionnels à la taille. Cette taille modeste est aussi un élément de simplicité, donc de risques de pannes amoindris il me semble. Une barre franche par exemple est fondamentalement plus simple mécaniquement qu’un système de barre à roue. 


Les manœuvres de voile en solitaire ont été facilitées aussi par la prise de ris entièrement depuis le cockpit, facilité et sécurité.



En conclusion 
Nomade et ses 31 pieds (9m40) était la plupart du temps dans les plus petits pour un voyage comme celui-ci où la taille moyenne se situe plutôt entre 12 et 13 mètres.


Dans les grosses mers, il s’est toujours comporté sainement et je ne me suis jamais senti en danger.


Voilier de construction allemande à la fois robuste et véloce, je ne saurais dire si beaucoup d’autres 31 pieds se seraient comportés aussi bien … mais Nomade en définitive a …tout d’un grand !