jeudi 20 décembre 2018

2019, un nouveau départ


Un an et demi, déjà, que Nomade a retrouvé son ponton du Crouesty.
Quelques ronds dans l'eau dans le secteur, puis beaucoup d'introspection après cette année en solitaire autour de l'Atlantique, et retrouver ses marques terriennes, voir les petits-enfants grandir, partir en voyage au Canada pour y retrouver notre Clémence ( merveilleuse Colombie Britannique !) ... prendre acte que décidément le jardin potager c'est pas encore, pas vraiment, mon truc, continuer à apprendre à "laisser filer" le temps, en quelque sorte.
Puis vient le moment de commencer à se mettre dans la peau du mec qui va bientôt repartir.
S'entourer des préoccupations préparatoires.
- une pile de bouquins du C.C.C ( Clyde Cruising Club)
- un kayak gonflable
- une belle robe bleue sur-mesure
- une guitare ( et des tablatures)
- des fichiers .gpx sur l'ordinateur
Voilà pour l'état de cet inventaire un peu désordonné pour bien me convaincre que ça se rapproche.

Le détail du périple envisagé sur la carte:

Je reprends l'inventaire avec les détails, dans un autre ordre:

Une belle robe bleue sur-mesure
ça m'a pris vers début septembre, je revenais en solo de Concarneau puis Groix, au portant sous spi (cette grosse voile gonflée comme un ballon et souvent très colorée) dans un vent qui avait quelques poussées irrégulières. Un, puis deux départs au lof, quand la risée envoie le bateau vers le vent, et le bateau se couche dans la risée, on bondit sur l'écoute de spi, et avec un spi symétrique ça devient un peu "la guerre" d'autant qu'on est seul. Le tangon, ce grand bras en tube métallique qui maintient la voile écartée au vent, entame une espèce de danse incontrôlable dans les soubresauts du spi qui s'affole, se dégonfle, se regonfle, claque .... on redresse, on reprend tout, on remet le bateau dans sa ligne, on respire, on relance la machine et c'est grisant, 7, 8 noeuds ... on continue encore ?  puis vlan, encore un .... allez, on affale ce fichu spi trop grand et trop volage. Et on revient à un tranquille 5 ou 6 noeuds sous un génois qui manque un peu de souffle.

C'est là que je me suis dit, allez, un spi assymétrique, surtout en solitaire, serait sans doute plus facile à tenir.
Contact pris avec Christophe de Jade Voiles (Pornic) qui m'avait déjà confectionné mon solent de brise et appris les rudiments de la couture réparatrice des voiles en formation "Sail The World".
Et c'est parti.

Quel choix .... Code 0 ? Gennaker ? Assymétrique ? quelles caractéristiques ?



Image Jade Voiles





C'est le modèle AC3 qui est choisi, son angle d'utilisation au vent apparent va de 80 à 160 degrés, il est donc, contrairement au spi symétrique classique, utilisable dès le vent de travers pour venir en relais du génois classique plus tôt. Ajouté à sa plus grande facilité d'envoi en solo, avec une chaussette (voir plus loin photo) et l'absence de tangon, il devrait me permettre une plus grande utilisation, et donc un vrai gain dans les allures de travers à portant.



Image Jade Voiles

       

La mise en place:
Tout d'abord installation du "bout-dehors" qui permet de positionner le spi bien en avant du bateau, pour aller chercher le vent;



Le bout-dehors dans sa position rétractée, sur sa cadène de rangement

le bout-dehors en place 

Le bout-dehors, vu du dehors

Et un bloqueur supplémentaire - celui de gauche - pour la tension du bout d'amure 
( le point avant sur lequel est accroché le spi)



Une fois cette installation faite, prise des mesures pour confectionner la jolie robe bleue et faire enfin les premiers essais.

Et c'est parti, sous un beau soleil de début d'automne dans la baie de Quiberon


Premier essai:
 Le spi en place, hissé, amure et écoute à poste, 
reste à remonter la chaussette et c'est parti 


 Spi envoyé
60m2 déployés, une jolie robe 
et une machine à vent efficace pour Nomade



Un kayak gonflable
Fort des expériences précédentes, j'ai voulu me doter d'un moyen plus efficace et agréable que l'annexe rondouillarde, son petit moteur poussif et son inefficacité totale à la rame, pour aller visiter les fonds de baies, les petits recoins dans les fjords écossais et norvégiens.
Trouvé sur leboncoin, ce modèle de kayak biplace qui possède un fond tres rigide au gonflage ( en drop-stitch comme les paddle gonflables) m'a satisfait sur mes premiers essais dans le Golfe du Morbihan


Le tout se range dans un gros sac à dos, 
parfait pour limiter l'encombrement à bord.




Sortie Golfe en duo en fin d'été = conquis !


Une guitare ...?
Non mais là, franchement, quel rapport ...?
Et ben si .... cet instrument musical, sorte de "vaisseau de bois et de cordes" a toute sa place désormais à bord du voilier.
J'en nourrissais une sorte de rêve inaccessible depuis .. bah ... mon enfance. Mes quelques années pianistiques d'il y a plus de 30 ans m'avaient fait découvrir le plaisir de la musique mais aussi la dimension du travail nécessaire ... et puis allez donc emporter un piano dans un petit Nono de 9m40 ?
J'y pensais de plus en plus, persuadé qu'il devrait faire partie du prochain voyage, mais encore effrayé par la dimension du boulot pour arriver à en sortir un son .... puis voilà qu'un jour, au détour d'un rayon instruments de musique dans une boutique d'occasions et objets divers, je l'aperçois, presque toute seule, sa "table" légèrement usée par le frottement de la main de son (ses?) propriétaires précédents, une guitare folk, manifestement d'assez bonne facture ( une Norman de fabrication Québecquoise, pas mal, me dit le vendeur du rayon musique de Vannes chez qui je suis allé lui acheter une housse pour les futures soirées écossaises et norvégiennes un peu fraîches) . Et puis, critère incontournable, comment pouvais-je ne pas croire qu'elle m'attendait patiemment ?  Une guitare folk ... et de gaucher !  Je n'avais pas le choix.
Après des tâtonnements ... solitaire.. plutôt positifs, me voilà tel l'ado sortant du lycée avec sa gratte sur le dos pour aller à son cours avec l'ami Vincent qui m'indique le cap à suivre pour arriver à destination = me faire plaisir dans le style guitare-chant en essayant de sortir du stéréotype du gratteux-autour-du-feu-de bois.
... on dirait que ça avance pas si mal ....
Et puis, quand je regarde des videos de Neil Young, parfois je me dis "tiens mais on dirait une Norman, sa gratte" .
Alors, que voulez vous, aux cartes marines d'Ecosse et de Norvège, viendront sans aucun doute se mélanger des partoches de Neil Young, Simon & Garfunkel et autres ... Brassens , tiens, avec une petite pensée pour un à qui certain(e)s lecteurs(trices) penseront aussi ....


Vaisseau de bois et de cordes 
( .... pour skipper gaucher)
Bordez le Mi, choquez le La, étarquez le Ré ...! 


Pour quelques publications un peu plus sonores au cours du voyage ?
Allez savoir !


Une pile de bouquins :

Je suis revenu su Salon Nautique parisien avec ça sous le bras.


Les fameux guides Imray du C.C.C 
(Clyde Cruising Club)
en anglais of course mais toujours excellents.



Des fichiers .GPX
Késako ? C'est le format des fichiers numériques utilisés par les logiciels de navigation, pour définir les routes.

Sans vouloir vous barber avec de la technique,  c'est ce qui alimente la part du rêve qui commence à se concrétiser: l'analyse des cartes et la préparation des routes.


Exemple de navigation virtuelle préparatoire : route de Bergen à Norheimsund, dans le labyrinthe des fjords norvégiens, pour rejoindre le port d'hivernage de Nomade en fin de saison 2019.


Il y a pas mal années j'avais écrit ce petit poème à propos du rêve qui commence sur la carte marine :


Carte marine


Une carte marine
Sur la table de cuisine
Et me voilà parti
Dans ces océanies
Qui peuplent mes soirées
Dans un rêve éveillé


Des chiffres me transportent
Vers les côtes accores
De ces contrées lointaines
Où seul je me promène
Et les lignes de sonde
Dessinent d'autres mondes.



Des courants de marées
Des rocs déchiquetés
Comme une grève du zèle
Et dans leurs tire-d'ailes
Des mouettes imaginaires
S'échinent à me plaire


Ma grand-voile est bordée
Sur un moment volé
Je revivrai ce soir
D'onduleuses mémoires
Sur l'ambre et l'opaline
D'une carte marine





Et j'y avais associé cette huile, que j'ai d'ailleurs vendue sur un salon de peinture à un propriétaire de voilier Feeling 416, qui est le bateau utilisé comme modèle sur cette toile





Bon et bien, dites-moi .... on dirait que je commence à être dedans, là .... qu'en pensez vous ?
Départ prévu vers fin avril.





mercredi 4 avril 2018

T'es tout beau, mon Nono !

Ah, il est tout beau, mon Nono, après cette séquence de travaux post-transat hivernale.

Je récapitule les choses déjà publiées :
- une belle capote toute neuve
- un lazy-bag tout neuf aussi. (Le lazy-bag étant l'espèce de housse sur la bôme dans laquelle la grand-voile tombe et se range quand on l'affale).
- la sellerie du carré, les matelas de cabine avant et les vaigrages des cabines, refaits
  ( voir l'article "L'amie sincère" sur les Chroniques Nomades)



 


Presque anecdotique mais tout de même un peu d'huile de coude là aussi = ponçage et revernissage au vitrificateur du plancher du carré.
Et puis donc désormais:
Réfection des bancs de cockpit en teck, ils étaient très usés, et mon fessier se souvient encore des longues heures d'assise pendant la transat.



Là encore, un devis de pro était bien dissuasif. Chez un fournisseur allemand indiqué par un autre possesseur de Dehler 31, le tarif de base pour un jeu de bancs livré ( non monté) montait à plus de 1800€. Et plus fort encore, la réfection des bancs d'un copain de Nomade, un même Dehler 31 nommé Maya (... enfin, un copain ou  bien à l'anglaise ne dit-on pas "sistership"  donc une une copine ? - hein Jean Yves ?) se faisait pour un devis de 2679€ en 2005 par un pro !!
Dans ces conditions, aucune hésitation, même réflexion que pour le devis des matelas = on va faire soi-même !!
C'est parti, je trouve des lames de teck brut chez Euroteck à Nantes, avec la colle et le joint Sika, le tout pour 430€, soit 5 à 6 fois moins cher, ça vaut le coup d'y mettre un peu d'huile de coude, non ?



Collage des lattes


 Joint et ponçage



 Et voilà le travail



A la sortie de l'eau pour carénage, remplacement du joint de presse étoupe, et remise en place de l'hélice bec de canard (refermable) que j'ai fait refaire chez France-Hélice car (pour ceux qui suivent) j'avais dû la remplacer aux Canaries.
Je compte retrouver la vélocité de mon Nomade avec cette hélice refermable et donc sans résistance de traînée ... fini de traîner l'équivalent d'un seau à l'arrière avec cette grosse hélice tripale, et à nous les surfs au portant à nouveau ....

Là encore, j'ai fait tout ça moi-même par souci d'économie d'une part mais aussi du fait que après avoir subi un massacre du tourteau d'accouplement arbre-moteur aux Canaries ( et guère mieux ici avant mon départ en transat) j'ai jugé que le "faire soi-même" était tout à fait possible et à ma portée pour être bien fait (...voire mieux? J'ose le dire au vu de ce qui avait été fait ...)

T'es tout beau, mon Nono !

Allez, un peu de beau temps pour repartir ?

lundi 12 février 2018

Chroniques nomades

Que c'est long, un hiver, surtout après avoir passé quasiment un an et demi dans une sorte d'été permanent.

Pour sortir du cadre du Voyage de Nomade qui repartira mais ça n'est pas encore tout de suite, (cf article précédent) j'ouvre un nouveau cadre de lecture sur un petit blog parallèle.

Chroniques nomades (cliquez sur le texte pour le lien)
Chroniques plus ou moins déjantées et en tout cas suffisamment pour être publiées à part du blog du Voyage de Nomade