mardi 30 juin 2015

Ambiance musicale, marche, routage ...

Ça jouait bien, hier soir dans ce pub de Galway comme parmi tant d'autres où la musique est vraiment partie prenante au quotidien.
Mon verre de Guiness bien serré le long du corps dans la foule serrée, j'en ai pris plein les oreilles.
Et puis jusque dans la rue, ça joue, et ça joue souvent très bien!
J'ai encore dans la tête des bribes à répétition de cet air de flûte qu'un type assis sur sa caisse jouait dans un recoin dans l'indifférence générale.
Ce matin, mise en jambes d'une dizaine de kilomètres en allant chercher un sentier qui longe la River Corrib en traversant le campus universitaire, des équipages d'avirons d'étudiants sillonnent la rivière qui remonte vers les lacs.
Tiens cette jolie ruine envahie par les lierres, la photo du jour sans doute, … clic-clac .. et bip bip … «carte absente»... imbécile, elle est restée dans l'ordinateur … tant pis je la fais avec le téléphone mais ça sera pas pareil.


Le vent est tombé ce soir comme prévu, tout est calme dans le port pour deux jours semble-t-il avant le prochain coup de vent de vendredi, cette fois mes amis français partent demain à l'aube, direction … Roundstone, tiens, ça me dit quelque chose, ça … un site digne de la visite de personnalités de haut rang, un amiral par exemple ?

Demain, autobus en direction de Clifden, pour me rapprocher des coins intéressants du Connemara. Sac à dos fin prêt.

J'ai retravaillé tout mon calendrier à venir, les routes et les distances ... le temps passe, juillet arrive,  et pour être rentré fin août au plus tard, tout va dépendre des conditions météo.  Au dernier point nord-ouest d'Irlande à Arranmore, soit je tire tout droit au nord vers les Hébrides, une traversée d'une centaine de milles,  pour revenir sur l'Ecosse par Skye et la suite en redescente, soit je boucle direct sur Nord Irlande puis l'Est avec une petite escapade brève sur l'Ecosse ?
Les options restent ouvertes, ça peut le faire largement avec une bonne météo tout comme ça peut être un peu juste avec une série de mauvais temps.

 
 

lundi 29 juin 2015

Galway, finalement ...

Même avec le moteur en appui, il a fallu tirer des bords ce matin pour sortir de Cashla Bay avec le vent et la houle de face, mais ensuite, pour rejoindre Galway à une vingtaine de milles, par vent de travers de 15 à 18 noeuds et une houle cassée par les îles d'Aran, la promenade ne fut pas désagréable.
Arrivé deux heures avant l'ouverture du sas du port de Galway, prise de coffre de mouillage d'attente, petite sieste, et entrée à l'ouverture deux heures avant la marée haute, une place libre, chouette ( mes français du RM finalement ne partent pas tout de suite car ça va souffler ce soir encore.) donc me voilà désormais  maritimement posé pour une semaine...

J'invite donc à l'apéritif Henri et Geneviève, ceux du RM qui m'avaient si spontanément invité à dîner l'autre jour.
ça souffle pas mal à nouveau, tant que la porte du port n'est pas refermée, un monceau de houle entre dans le port et fait danser, taper, claquer, dandiner, taper, tout ce qui flotte, ça chahute sacrément fort ...
Un drôle de concert cette fois-ci mais où tous les instruments sont désaccordés, où chacun joue sa partition, pas le moindre coeur wagnérien mais plutôt des gueulantes désordonnées, des drisses qui claquent le long des mâts mais pas en cadence, les plaques de jointure des pontons qui hurlent de leur douleur métallique, le  vent dans des haubans qui , n'étant pas face au vent comme dans un mouillage, donc pas accordés, ne créent que des essoufflements sonores sans aucun lyrisme, bref, c'est la totale cacophonie... le concert de l'autre nuit est loin ... Nomade quand à lui nreste muet face à tout cela.

En tout cas, j'y suis, posé en sécurité, et je commence à regarder les cartes "Ordnance Survey", les cartes d'état major irlandaises achetées cs jours-ci, de la région des lacs du Connemarra ... changement d'environnement à prévoir dans les jours à venir.

dimanche 28 juin 2015

Cashla Bay, toujours aussi gusty

"Gusty" est un des mots qui ressort le plus souvent des bulletins météo-marine irlandais de ces jours-ci, et il est vrai que les "gusts", les rafales, ne semblent pas mollir depuis que je suis arrivé à Rossaveal. Je vis au rythme très sonore du grincement de pare-battage comprimés par le vent qui me vient de travers et plaque Nomade sur le ponton. Bah, on s'y fait !
Néanmoins, aujourd'hui fut une journée très ventée mais sèche, j'ai donc sorti les matelas qui étaient imprégnés d'humidité ambiante, ma lessive à la main a eu droit à un séchage express dans les filières vu comment ça souffle, et j'ai même trouvé un poste sanitaire avec douches donc douché, fringues propres, et "home sweet home" bien sec ... on a parfois des bonheurs insoupçonnés dans la vie ...

Bricolage réparation sur la barre franche, une barre en bois lamellé-collé, et qui est en train de devenir par endroits un lamellé-décollé, donc des points de fragilité notamment vers le point d'accroche du pilote automatique! Une avarie de barre je n'ose pas imaginer. Colle, enroulage bien serré de fine garcette (= un petit cordage) puis noyage dans la résine polyester pour renforcer toute la zone, ça occupe, et le résultat rassure assez bien pour la suite.
La suite météo quand à elle semble se calmer un peu lundi ( sur Meto Consult, mais pas vraiment autant sur met.ie - l'irlandaise qui dit encore gusty),  mardi,"gusty" à nouveau avec rafales force 8, mercredi et jeudi plus de vent et vendredi force 6 rafales à 9 ! c'est de la météo-yoyo !!

Pour vous donner une idée de mes aspirations de ce soir en l'état de ce qui est l'été ici ( vous je ne sais pas ...le barbecue tourne à fond ?) ce soir je me fais = saucisses au choux !

Une vague envie me vient, aller me poser à Galway sans tarder d'autant que vu le peu de place là-bas, mes français au RM12,60 partant lundi et étant sur une place privée libérée pour la saison ... je pourrais me placer là en attendant Marie-Claire, et y laisser Nomade en toute tranquillité ... et essayer mon beau grand sac-à-dos vers les lacs du Conemarra proches de Galway ... c'est pas mal, ça, non plus ! A voir demain ...

Suis allé tout de même faire quelques photos dans les hauteurs environnantes de Cashla Bay, du côté opposé au vague pub d'avant-hier avec son amateur de Tour de France ... 
La beauté de cette espèce de désolation caillouteuse, tout de même ...!


L'entrée de la baie


Les personnalités locales

Les haies ...

 ... de cailloux ...


 ... dérisoires remparts contre la puissance des éléments.
 
 Et avec un ciel si bas ...





samedi 27 juin 2015

Galway pluvieuse

Ce matin, j'ai pris le bus pour Galway, météo pas méchante mais pas folichonne non plus.
Les 35 km qui séparent Rossaveal de Galway n'ont rien d'attrayant, paysage assez plat et plein de cailloux, constructions clairsemées et sans attrait particulier.

Il faut aller chercher le Connemara plus haut dans les terres, en randonneur, ou bien en bateau entrer dans les petites criques de la partie nord-ouest de la baie de Galway, au-delà de Cashla Bay où je suis...
La ville a son beau quartier pittoresque comme en ont beaucoup, avec des pubs sympas, et puis ses commerces, une ville, quoi ...
J'ai revu mes français au RM 12.60 qui m'avaient invité à dîner à Glengarriff, leurs amis sont partis, ils ne sont plus que tous les deux, et ils font le tour par le nord tout comme moi. Ils marquent un peu le pas eux-aussi en ce moment, et puis cette météo maussade ... Mais ça va s'améliorer, encore quelques passages venteux jusqu'à mercredi semble t'il.
J'hésite encore un peu, je rejoins Galway dès lundi, ou j'attends encore et je retourne d'abord vers les îles d'Aran, par exemple, si le temps est sympa pour des ballades ?
La petite marina de Galway, avec peu de places, dans un coin des docks et en pleine ville, n'est pas le coin d'Irlande rêvé il faut dire, donc il n'est peut-être pas utile d'y entrer trop tôt ...L'essentiel est d'avoir un endroit sûr et fiable pour laisser le bateau quelques jours,
donc je reste dans le secteur jusqu'à l'arrivée de Marie-Claire vendredi prochain.
A partir du mardi 7 juillet, je reprendrai la route nord, mais d'ici là, il est fort probable que j'aie moins de choses intéressantes à raconter en termes de navigation.
Donc dans les jours à venir, je vais peut-être ralentir le flux de mes publications.
On va dire que je marque une pose avant d'attaquer la partie suivante, la partie nord et puis la boucle Ouest-Est par le Nord, celle où on ne fait pas "le malin" n'importe comment (... un certain amiral comprendra ce que je veux dire ...)






vendredi 26 juin 2015

Standby

J'ai quitté Inishmore dans la matinée, après mon concert nocturne, sans prendre le temps de visiter et en me disant que j'y reviendrai dans des jours prochains. D'autres concerts s'annoncent, pas seulement nocturnes, et la perspective même de visiter ces îles où il n'y a guère que des cailloux pour freiner un vent qui souffle assez fort en ce moment était peu engageante.
Un demi-génois tout seul sans grand voile, et j'avançais déjà à 6 noeuds et demi.

J'ai rejoint la petite Cashla Bay dans le port de Rossaveal où Nomade appuie sur ses pare-battages contre le ponton à les en faire éclater mais là c'est repos ... d'autant que l'endroit est complètement paumé, même pas un vrai village à proximité, juste une petite épicerie un bar paumés au milieu de rien à 1 kilomètre environ, sans rien d'autre à côté, et où de vieux piliers de comptoir me racontent leur vie à laquelle je comprends au mieux 50 pour cent....et encore.... quand j'ai dit à l'un d'eux que je venais de France, il m'a parlé du Tour de France en animant sa bouche de caoutchouc peuplée de chicots noircis et clairsemés, j'ai plongé mon regard dans ma Guiness pour donner le change...

"Southerly winds will increase on Saturday night to strong and gusty, occasionally gale force..." qu'elle dit la météo locale.
Je rejoindrais bien Galway demain, à 23 milles d'ici, mais ça va dépendre des conditions, en plus il y a des conditions de hauteur de marée pour passer l'entrée ... rha c'est pas toujours facile, hein ..!
Sinon, j'ai de la réserve en lecture... on verra bien... 



 Standby à Rossaveal

 
Rossaveal et ses cailloux - aperçu ...

Concert nocturne


Et puis vient le moment où le voilier se transforme en instrument de musique. Un manche (le mât), des cordes (les haubans), et une caisse de résonnance (la coque),  avec la particularité que tu assistes au concert à l'intérieur de l'instrument.
Nomade, mon voiloncelle ...?

Pour celui qui n'a jamais vécu un coup de vent à l'intérieur d'un voilier, c'est une expérience assez particulière, et souvent un concert inoubliable.
Ça se met en place de manière progressive avec les premiers coeurs qui entament le chant lugubre du vent qui commence à accorder les haubans sur la partition qu'il va nous jouer.
Houuuu, houuuu, commence à me jouer Nomade qui n'obéit désormais plus qu'à son nouveau maître. Houu, houuu, t'es tout seul, t'as peur, hein, dis le que t'as peur ..!!  Mais non j'ai pas peur, mais juste une petite sonatine gentillette me suffirait, j'ai pas envie d'une grande symphonie.
Les houhou prennent parfois des accents wagnériens, et pour sûr il n'y a pas que des cordes, il y a aussi des instruments à vent, des cors sans doute, des haubois ( de moins en moins en bois dans les bateaux modernes) et une armée de coeurs, tous dans un élan lyrique, parfois on se dit qu'il en fait un peu trop dans le style.

Viennent les rythmiques et les percussions, à-coups de rappel du bateau qui tire sur son mouillage, claquements du clapot dans la voûte arrière de la coque qui se font plus marqués, crissements des divers éléments du gréement ou de l'accastillage, tap-tap de l'objet qui cogne contre une cloison et dont on ne parviendra jamais à déterminer lequel c'est précisément.

Le concert n'est pas que sonore, il est également sensoriel.
Nomade n'est plus seulement un instrument, il est devenu un orchestre à lui tout seul.
Quand tout est en place, tu n'as plus le choix, tu ne dormiras pas, tu devras assister au concert malgré toi, Eole dirige à la baguette et il fait de toi son public obligé.

Puis vient un moment où les coeurs lugubres semblent aller moderato, decrescendo, les grands phrasés se font plus éloignés puis comme un chuchottement, les tap-tap s'apaisent, c'est comme un long final à la Tchaïkovski dans La Pathétique, manière de terminer en douceur une symphonie qui fit scandale à l'époque parait-il ....

On sent que le concert va sans doute bientôt  s'achever et qu'on va pouvoir dormir, peut-être...vais-je applaudir ?



jeudi 25 juin 2015

Gale warning et Aran Islands

Etant donné qu'il y avait un "gale warning" (avis de coup de vent) pour la zone météo Shannon sur la journée d'aujourd'hui jeudi et démarrant plutôt dans l'après midi, j'ai décidé de partir tôt pour passer avant que ça démarre. 5 heures et demi mouillage décroché.

Le gale warning concernait plus la zone au large, et il y avait aussi un warning to small crafts en côtier.

Peut-on considérer Nomade comme un "small craft" sans le vexer ? J'ai considéré que nous n'étions pas si "small" que ça...

Et puis la mer restait très maniable, rien à voir avec la mer "déformée" que j'avais eue l'autre jour.

Quelques dauphins m'ont paisiblement accompagné à la sortie de l'estuaire de Shannon, puis j'ai fait ma route au portant, 50 milles, sans souci … un ris dans la grand voile pour faire sérieux mais j'aurais pu m'en passer.

Arrivé aux Aran Islands, à Inishmore, 14 heures 30 prise de mouillage au moment où ça commence à souffler un peu plus, mais c'est du Sud, l'endroit est assez bien protégé... et je suis accroché,.... Guiness is allowed !

Et puis petites courses au village… j'ai trouvé des magrets de canard … j'ai pas pu résister !!

Donc ce soir, cuisine … royale !



Allez, une petite devinette:

Prenez une baie encadrée par 3 îles quasiment alignées, une grande, une moyenne, une petite , qui viennent donner son caractère protégé à cette baie.

Vous dites … Baie de Quiberon, avec Belle-Ile(la grande), Houat (la moyenne) et Hoëdic ( la petite)

Perdu !

C'est la baie de Galway, avec Inishmore ( la grande , où je suis) , Inishmaan ( la moyenne) et Inisheer ( la petite).

Pas mal de similitudes … sur cet aspect là sinon côté paysage, ça n'a rien à voir...
On notera aussi la similitude de langage ( je vous le fais de mémoire sans vérifier mais je ne pense pas me tromper)
- en breton, une île se dit "ines" ou "enez"
- en irlandais traditionnel ( = gaélique) c'est inish ...
mêmes racines, celtiques, bien sûr !

En fait d'Irlande, je n'ai jamais quitté le même pays depuis mon départ le 20 mai : la Celtie ?

L'occasion de placer un peu de Xaxier Graal (paroles de rêve) c'est si beau !
(…)
Mais moi je te chante, mon pays
avec tes morts et tes vivants
et tes coques de pins et tes cargos de fer
je te chante, moi, Grall Xavier Marie
je te chante pour ta folie
pour tes bagages de rêves
pour tes Chouans, ô ma Celtie.

Il faut chaque jour gagner sa légende
il faut chaque jour célébrer la messe de l'univers.

Je te chante avec ma bouche dans la bouche de tes vents
je te chante avec mes mains dans la main de tes landes
je te chante, moi, Grall Xavier Marie
pour la liturgie de tes focs et la charité de tes misaines
pour tes marins perdus pour tes grèves de laine
et tes puissantes houles et tes doux paradis.
(…)



Etant donné que Marie-Claire va venir me rejoindre pour quelques jours aux environs du 3 juillet, je vais d'ici là me ballader dans les environs de cette baie, il y a plein d'endroits sympas à voir, et rejoindre Galway dans quelques jours pour m'y poser.


Photos:
 5 heures et demie le matin, la tour carrée de Carrigaholt

Un de mes accompagnateurs 

La porte de sortie Nord de Shannon: Loop Head

Arrivée aux Aran Islands, vue sur Inishmaan dans le passage entre Inishmore et Inishmaan
Des enclos empierrés partout ...

mercredi 24 juin 2015

En place pour la montée aux Îles d'Aran

Sortie du dédale "paradisiaque", je passe devant une île nommée, je vous jure que c'est vrai, Canon Island !
Une pensée pour les collègues et un petit mail dans la foulée pour leur dire que Canon est à deux pas du paradis ... si ça peut leur donner du coeur à l'ouvrage !


 Canon Island partie Nord

Canon Island partie Sud

Ensuite le vent se lève plus j'avance vers la sortie, et c'est un festival de virements de bords dans les méandres de la Shannon River, un bonheur sur une eau lisse et un courant de marée favorable, Nomade et moi on se régale, ça glisse tout seul.

Dauphins, même type de ceux que j'avais eu à l'arrivée , mais pas les petits dauphins gris et espiègles qui virevoltent autour du bateau comme des gamins à mobylette autour du camion livreur,  ( ... j'avais envie de la faire celle-là ... c'est une des analogies qui m'est venue... ) non, des gros dauphins à dos très sombre qui ondulent paisiblement aux côtés du bateau et puis qui disparaissent au bout de quelques dizaines de secondes tout au plus.
Puis dans l'estuaire, quelques virements sous le nez de gros, très gros, au mouillage d'attente !


Bon d'accord, heuuu ... si vous insistez, j'éteins ma clope !

Gros ...

Très gros ...

Celui-là ... gi-gan-tes-que, suis même pas allé virer auprès ...!

Puis arrivée au mouillage dans la petite baie de Carrigaholt , pas loin de la sortie de l'estuaire, pour être prêt demain à monter vers les Îles d'Aran.


Mouillage à Carrigaholt, sympathique, juste un petit peu rouleur ...

La porte de sortie de l'estuaire de Shannon est là-bas derrière

mardi 23 juin 2015

Le paradoxe de Shannon.

Non, ça n'est pas le titre du dernier ouvrage de philosophie que je suis en train de lire.

Mais cette Shannon River est bien une sorte de paradoxe, qui réunit sur les flancs de son estuaire et de ses premiers milles, une préfiguration de l'enfer et du paradis.


9H30, je sors de l'écluse de Killrush.
L'eclusière ( non, non, pas un éclusier) me lance un jovial «bon voyage» accompagné de signes de la main, comme s'il était nécessaire de confirmer que la qualité d'accueil des irlandais n'est pas un vain mot.

Mes hollandais font la même route que moi, même destination «Paradise», on est au moteur pour remonter car il n'y a pas de vent. Une vingtaine de milles à faire.

Je disais paradoxe. Déjà, quand j'étais arrivé avant-hier sous la pluie, avec peu de visibilité, j'avais une une curieuse impression d'une espèce de St Nazaire irlandaise avec ses deux ou trois tankers au mouillage en rade de ce grand estuaire et des hautes cheminées au loin..

Shannon River, le plus grand fleuve irlandais, mélange les genres entre belle nature verdoyante et infrastructure industrielle. Un impression d'estuaire de la Loire, en moins dense industriellement mais tout de même.



L'enfer:

Juste après Killrush, déjà, on a la Centrale électrique au charbon avec son quai où doivent venir s'amarrer des tankers pour l'alimenter en charbon.

Quelques milles plus loin, c'est l'ancienne centrale au mazout, qui a l'air bien délabrée, celle au charbon l'a remplacée manifestement, à la suite du choc pétrolier des années 70/80.

Puis encore plus loin, à peu près à la hauteur de là où je bifurque à gauche dans la Fergus River c'est l'usine d'aluminium, une des ou la plis grande d'Europe semble t'il. Donc des tankers aussi, qui apportent de la bauxite venant d'Afrique de l'Ouest, à raffiner pour produire l'alumine, et pour laquelle des associations locales s'inquiètent des effets polluants de la bauxite dans ce milieu naturel.

 La centrale au charbon

 La raffinerie de bauxite pour la production d'aluminium

 Et son terminal pour les tankers



Le paradis :

Déjà, au niveau de Killrush, c'est l'univers des bateaux de ballade à touristes pour aller voir les dauphins, et c'est vrai qu'il y en a dans l'estuaire et que le coin est réputé pour ça, c'est même un des emblêmes de cette petite ville, et j'en ai eu à mes côtés lors de mon arrivée.

Puis au fil de la remontée de la Shannon River, ce sont de doux paysages de collines et de bocages où une des activités majeures agricoles est l'élevage, pour la viande et pour le lait.








En gros c'est l'enfer à ma droite, le paradis à ma gauche, ou l'inverse selon la position d'avancement dans la remontée..

Malgré tout, hormis les infrastructures industrielles, je n'ai croisé quasiment personne pendant cette remontée … ça ne respire pas la suractivité maritime non plus... 
J'exagère peut-être un peu sur l'enfer mais comparé à la beauté fondamentale du reste.... et puis essayez donc d'installer une centrale au charbon à Port  Navalo et une usine d'aluminium à ... Larmor Baden, au hasard pour rigoler , et vous verrez si on ne vous parle pas d'enfer ...!


14 heures, j'entre dans la River Fergus, la porte du «Paradise»

Le courant semble vouloir me retenir, 5,6 noeuds de vitesse surface pour 3,2 voire moins en vitesse fond, le moteur est à la peine.


Puis c'est le labyrinthe des passages étroits et peu profonds entre les iles, îlots, cailloux, langues de sables, et les courants associés.

Un oeil sur le sondeur, un oeil sur la carto, et un oeil ( oui, oui, le troisième oeil) sur la conduite du bateau dans les courants qui font penser étrangement à ceux du Golfe du Morbihan … en fait pour un Morbihannais ça a comme un air de déjà vu. Par moments tout de même, houlà, c'est pas large là, et ya pas beaucoup d'eau, allez on y va en douceur.

p
C'est pas bien large et ya pas beaucoup d'eau


15 heures,la pioche est plantée dans la vase du "Paradise", mes hollandais sont mouillés à une encâblure, silence total et absolu sauf quelques chants d'oiseaux …

La colline "Paradise Hill" qui a donné son nom à ce coin de mouillage

Nomade champêtre.

Et son cap'tain se vote à l'unanimité une bonne Guiness.
 Welcome to paradise...!


lundi 22 juin 2015

Un petit parfum de Bretagne Sud

Inutile de préciser que j'ai bien dormi, d'autant que dans cette petite marina, une fois passée l'écluse, c'est le repos total pour tout le monde y compris pour Nomade, on est sur un plan d'eau complètement immobile.
Cirés, combis et tout le reste bien séchés, commerces pour bien refaire le plein de victuailles. Promenade dans la campagne où les reliefs ont disparu pour laisser place à un paysage qui ferait penser à un bocage sud-breton verdoyant.
Nouvelle rencontre, un couple de hollandais à bord d'un Sun Odyssey 35 que j'avais croisés lors d'un virement de bord dans les Blaskets hier et que je suivais sur leur émetteur AIS, ils venaient de Dingle. Nous faisions la même route jusqu'à Killrush, mais qu'est ce que je leur avais mis comme distance ! 
Quand ils ne m'ont plus vu, ils ont pensé que je montais sur Galway. 
Nomade, même si Toto a défailli un peu, t'es un vrai chef !

Ceci dit, ils m'ont dit avoir vu un de mes départs au lof, bateau qui se couche dans la risée, ils parlent de rafales à 35 noeuds, Toto qui appelle au secours et moi qui étais à la table à carte, mais j'ai pas ça dans mes enregistrements de vent maxi, moi ?
Et puis ils ont réduit la toile, eux !
"In our yacht club, there are 2 Dehler, they are very fast and win many races" me dit l'homme aux longs cheveux et barbe gris blanc, 70 balais, dis-donc, la navigation, ça conserve, tous ces gens que je vois dans cette forme là et à cet âge là !
Je vais finir par croire que j'ai un bateau qui "marche bien".
Coté anémomètre, ceci dit, depuis un moment il est vrai que je me pose la question, n'est-il pas un peu en sous-estimation ? D'autant que l'aérien fait un drôle de bruit que j'entends résonner en cabine à travers le mât quand il y a du vent ... bizarre, faut que je surveille ça de plus près.
Sous-toilé, peut-être, sur-toilé jamais ... c'est pas Tabarly qui disait ça ?

Demain j'envisage de remonter tranquillement la Shannon River,  il y a des petits mouillages campagnards qui paraissent sympas, dont un qui se nomme ... Paradise!

Photos, les environs de Killrush, un petit air de Bretagne Sud.







dimanche 21 juin 2015

Mer en vrac

On emploie souvent l'expression « mer formée ».
Aujourd'hui je l'aurais plutôt vue déformée.

Mais revenons au début.
Bill s'est régalé hier soir, j'avais préparé un morceau de porc en demi-sel , en fait un bloc de bacon, tout ce que j'avais trouvé car dans ces petits bourgs paumés, pas de boucherie, et que j'ai donc cuisiné comme un petit salé, et je lui sorti mes pommes de terres sautées mêlées de petits champignons.
«Mmh, gorgeous !» disait-il à longueur du repas.
On a refait le monde pour une dernière fois ensemble à bord de Nomade.
Puis il était là debout dès 6H30 pour assister à mon départ, et me donner un coup de main car Nomade était collé avec un vent de travers, les pare-battage comprimés contre le ponton.
Bye-bye mon vieux Bill, est-ce qu'on se reverra un jour? Qui sait ?

Une fois sorti de la passe de l'île de Valentia, la houle grossit et je remonte au près jusqu'aux Iles Blaskets sur lesquelles je ne m'attarderai pas, cailloux, surventes et départs au lof, pilote à la peine, l'oeil sur la carto pour passer le sound de Blasket ( un détroit pas bien large entre les îles et la côte avec pas mal de récifs de chaque côté). Puis une fois passé, je bifurque un peu à droite pour remonter vers l'estuaire de Shannon où de trouve Killrush que j'ai décidé» de rejoindre, je me retrouve au vent portant mais dans une mer en vrac.
Un bon train de houle arrive par le trois-quart arrière auquel s'ajoutent des vagues disparates, ce qui fait qu'au final, Nomade et moi sommes ballotés dans tous les sens, ça chahute en bas dans les placards où les casseroles ont entamé de bruyantes conversations avec la cocotte, accompagnées par la vaisselle..

Et puis il y a mon Toto le pilote auto qui n'arrive plus à suivre et qui me met en empannage ( il laisse le bateau virer contre le vent , voilers à contre,, etc..) à plusieurs reprises à cause des vagues traîtresses qui viennent claquer les fesses de Nomade pour le faire ruer donc je dois barrer quasiment tout le temps.
Vient la pluie là-dessus, qui dure et qui dure, et qui s'infiltre partout.
C'est au bout de 11 heures et demie de trajet dans ces conditions que je me présente à l'entrée de l'écluse de Killrush, 65 milles assez éreintants … bien, content !
La douche fonctionne avec des jetons, zut, trop tard, dommage je l'aurais bien appréciée …
Cirés et combinaisons à sécher comme ça pourra dans cette humidité ambiante ...
Allez, une bonne soupe chaude, un gratin de pâtes aux champignons à la crème, un petit compte rendu blog et … J'ai entamé un nouveau bouquin hier , mais là ce soir ….

Suite du programme à redéfinir dans le calendrier, une visite «importante» en prévision …

Les photos du jour ?
Rien de passionnant, j'étais bien occupé , puis sous la pluie ...

samedi 20 juin 2015

Dingle ou Killrush ?

Journée "peinard"
Ballade à pied, baguenauder sans but précis, ça fait aussi du bien.
Les Skelligs seront pour aune autre fois,  il aurait fallu que je parte tôt ce matin ...
Pour demain, décision sur place ( ... en mer, selon les conditions) pour:
- Option 1 = Dingle, à 15 milles
- Option 2 = Killrush, à 65 milles
J'ai un bon force 4 d'ouest, avec une belle  houle annoncée de 3m50, mais pas mal pour en profiter et monter un peu plus vite vers le nord.

Ce soir, je suis aux fourneaux, j'invite Bill à dîner, et il annonce fièrement à qui veut l'entendre " I am invited by a french "chef" ...
J'ai la pression.
Et puis c'est la dernière fois qu'on se voit, sauf hasard futur .... Ce fut un plaisir de te rencontrer.

Des news demain soir, Dingle ou Killrush ... je penche pour Killrush

 La photo du jour,
Bill sur son "Late Arrival"

.








vendredi 19 juin 2015

Un mois déjà ...

Bon sang, ça fait déjà un mois que je suis parti, le 20 mai ...

Bilan quelques chiffres :
- le log me donne environ 850 milles nautiques parcourus ( soit environ 1500 kilomètres)
- si je considère que j'ai deux mois pour boucler le projet initial, ça devrait le faire.
- j'ai fait 63 heures de moteur, soit 2 heures par jour, rien d'anormal, les arrivées, les départs, les météos sans vent, etc ...
En bref, si j'ai pris du retard sur le planning initial avec mon tour de Bretagne pas prévu et dû aux conditions météo,je suis dans le timing.
Bon, et  bien me voilà  ... rassuré ... ?

Parfum de quatre saisons :
Les quatre parfois dans la même journée.
Avant hier, hivernal ( ...l'envie de pot au feu ... )
Hier, estival
Ce matin au départ de mon mouillage sauvage et tranquille, un beau soleil printanier suivi d'une petite brise sympa.
Puis ensuite automnal avec un brouillard à couper au couteau, ,visibilité inférieure à  un quart de mille, plus de vent, 6 heures de Diesel ...!
Me voilà arrivé à Valentia Island ... et qui je rencontre?
- Mon vieux Bill, arrivé en fin de soirée un peu après moi ...
- les français qui m'avaient invité à dîner sur leur RM 12,60 l'autre soir.
... Solitaire ? Oui mais pas tout le temps !

Demain, un incontournable que tous me donnent comme "à voir absolument", les Iles Skellig, que je même n'ai même pas pu apercevoir au loin avec le brouillard  malgré la "Grande Skellig" qui culmine sa forme pyramidale à plus de 200 mètres en pleine mer avec son monastère du 6ème siècle ... J'irai peut-être demain; mais avec un bateau local de touristes, c'est inaccessible en voilier ...   

A suivre ...

Photos du jour
Kenmare River

On joue un peu dans les cailloux

Surgie du brouillard vers l'arrivée, Valentia Island


 




 
  




jeudi 18 juin 2015

Kenmare River, dauphins, Killmakiloge


Beau soleil ce matin, solide petit déj' (oeufs, bacon, fromage, fruits, faut se soigner) et sortie de la baie de Bantry avec un bon Nord-Ouest, belle houle dans la pointe à contourner, puis après les premiers milles dans la baie de Kenmare, le cadeau du jour, les dauphins qui viennent me souhaiter la bienvenue en jouant avec Nomade pendant plusieurs minutes.
Un petit bout de vidéo de ce que j'ai pu en filmer. C'est toujours un moment de joie quand ça nous arrive en mer (le son est brut de sortie de caméra, le vent crache dans le micro, sélection de ce qui passe le mieux il me semble, j'ai trié les séquences et aussi enlevé mes éclats de rire, mais je vous jure que je riais aux éclats devant ces dauphins qui semblent vraiment jouer avec le bateau, avec une banane que j'ai gardé pour un bon moment ...)


Arrivée en fin d'après midi à Killmaloge sur le versant Sud de la baie de Kenmare River, un petit coin de mouillage (sur ancre) en pleine nature avec ... personne, absolument personne !
Le temps de trier mes images, de rédiger tout ça pour le partzger avec vous, et je suis paré pour un bon dîner, une bonne nuit, avant de remonter demain vers Valentia Island, et sans doute y retrouver mon vieux Bill qui est dans les parages.


Le mouillage de Killmakiloge

mercredi 17 juin 2015

Mon royaume pour un pot au feu ...

C'était de l'ouest annoncé, force 4 à 5 avec houle d'ouest également de 3 mètres.
Ces paramètres là étant entendus, je savais que ressortir de la baie de Bantry avec tout de face n'allait pas forcément être du gâteau.
Et puis j'avais préparé mon solent sur étai largable pour l'occasion afin de tirer des bords de près bien serrés dans la brise..
Et ça a commencé comme ça, avec un vent qui monte à 20 à 25 noeuds, de la houle qui grossit au fur et à mesure qu'on sort de la baie.... Bien le solent !
Mais le paramètre "en trop" et non annoncé fut cette bruine, ce crachin qui pénètre partout, qui fait tout poisser jusqu'à l'intérieur du bateau, et qui s'épaissit en brume épaisse, visibilité d'environ 1 mille pas plus donc tu vois ... rien !

A tirer des bords dans ces conditions, le GPS me donnait un ETA (estimated time of arrival) pas très engageant pour sortir de Bantry et entrer dans Kenmare River je n'en parle même pas ...
Arrivé à environ les trois quarts de la baie, Bere Island me faisait de l'oeil - façon de parler car j'y voyais que dalle, en plein brouillard ... Allez, je décroche, et puis la petite marina de Lawrence's Cove sera bien agréable, une bonne douche, depuis le temps, et là je rêverais presque d'un pot au feu et de doigts de pieds en éventail devant un bon feu de cheminée.
Allez, décidé !
Et puis peu de temps après, qui vois-je arriver, un bateau voisin d'hier à Glengarriff ... eux aussi ont décroché.
4 personnes à bord d'un gros  First 54, un skipper pro avec ses clients ... Bon finalement j'ai sans doute fait un choix pas si mauvais.
Douche, j'en ai même profité pour faire ma lessive,  séchages divers, bon sang vivement l'été ...!
"Fait beau pour un mois de mars" me dit le skipper selon la formule consacrée aux jours de sale temps.
Petit , tout petit bled paumé à 10 minutes de marche, une épicerie-bureau de poste ( qui ne vend même pas de bières !!) et un pub, et c'est tout !


Deux visiteurs matutinaux


Solent sur étai largable en place

Lawrence's Cove



mardi 16 juin 2015

Des rhododendrons ... !

Mais oui, bon sang, j'aurais dû y penser plus tôt.
Ce sont des rhododendrons, et il y en a partout ici dans ce coin si protégé, et dixit les guides, subissant l'influence directe du gulf-stream. Il y a même quelques palmiers dans le jardin d'un hotel.

Ballade dans les hauteurs environnantes, le parc naturel, puis retour au bateau, bruine puis brume, vent tombé et Dudule en grève, solaire on n'en parle pas, donc petites recharges moteur pour conserver un peu de frais, lecture et bricolage à bord.


Ce soir, invitation à dîner à bord d'un superbe RM 12.50  par deux couples de français.

La vie n'est pas trop dure pour le moment...

Photos

 La baie de Glengarriff vu des hauteurs du parc naturel

La zone de mouillage

Village

Des rhododendrons ..?

Il y en a partout , ici sur le bord d'une petite route

Et puis la brume