Deux mois et demi, déjà, que j'habite
le rêve qui m'avait emporté depuis longtemps dans les méandres de
ses incertitudes, de ses peurs enfouies, de ses envies de
renoncements et de ses élans prometteurs qui me procuraient une
énergie folle.
Deux mois et demi d'une vie dans un
espace visuel, sonore et sensoriel mélangé de folie et
d'envoûtement, où Nomade est devenu ma maison, mon cocon où je me
réfugie, où j'explore la suite du rêve dans des sommeils vigilants
mais confiants, et où le présent se savoure dans une lucide
intensité que je ne crois pas avoir connue auparavant.
Les rencontres avec les gens - mais que
dis-je, les gens ... bien plus souvent des amitiés brèves que le
hasard m'a servies sur le plateau doré de l'authenticité et du sens
du partage et que je ne reverrai plus – ont effacé toute
impression de solitude malgré mes navigations en solitaire.
Reinhold et Monica, Bill, Henri et
Geneviève, Anne et Michel, Patrick et (zut j'ai oublié, mes
hollandais si gentils lui et ses allures de vieux hippie tout de
blanc chevelu et barbu et surtout elle dont je ne me pardonnerai pas
d'avoir oublié son prénom – il me reviendra ? - et dont j'entends
encore son émouvant «Take care with you, Dominique» quand on s'est
quittés…), Bruno et Maryvonne, Tom, Wally, et j'en oublie
beaucoup, et dont je n'ai même pas eu le temps de retenir les noms,
mais leur empreinte est là …
Et puis tous ceux que j'ai croisés
même brièvement et qui souvent m'ont livré leurs conseils, leur
attention, leur gentillesse, un salut de la main accompagné d'un mot
agréable comme ce jovial « bon voyage» de l'éclusière de
Killrush, la pointe d'accent à renverser le coeur. Ce voisin de
ponton à Howh, aujourd'hui, un local, qui vient toquer au bateau et
me dire spontanément «si tu as besoin de quoi que ce soit, surtout
n'hésites pas ...»
Merci à tous ceux-ci, et puis à vous
aussi pour votre présence pressentie avec intensité, amis, famille
et lecteurs dont j'ai reçu en plein coeur les messages personnels du
genre «on voyage avec toi, Dom»(si je vous disais mes statistiques
journalières de lecture …parfois je n'en reviens pas!). Merci
d'avoir contribué à m'aider à «tenir la barre» tout seul dans
ces contrées exigeantes et magnifiques.
Et parmi les lecteurs voileux,
sincèrement, je vous le dis, si ce n'est pas déjà fait, venez vous
enivrer ici, au moins une fois. Bien de ceux que j'ai rencontrés et
cités plus haut on carrément le virus, et n'en finissent pas de
revenir alors il faut bien les croire en cela qu'il y a quelque chose
de différent … qui vaut largement tous les ciels bleus des
latitudes bien plus sud …dans sa dimension si particulière et
authentique.
Lonely sailor, but never totally alone.
Et même s'il se passait bien souvent
plusieurs jours vraiment isolé à attendre dans un coin abrité au
mieux qu'on peut la fin d'un coup de vent, chaque coin de ciel dégagé
même le plus bref m'a livré ses émerveillements.
Ce soir, mon équipier arrive, et c'est
une nouvelle page qui s'ouvre pour cette route du retour.
Tom le pilote va pouvoir se reposer, le
temps ne va plus se dérouler de la même façon, c'est un autre
partage qui va commencer et la route à venir promet d'être encore
bien passionnante avec quelques étapes irlandaises jusqu'à
refermer la boucle intégralement sur Kinsale avant de redescendre,
via les Scilly, sans aucun doute sauf si la météo, sans laquelle
rien n'est possible, en décide autrement ...
Pour nombre d'entre vous, il me semble
inutile de le présenter.
Jean Pierre, alias JP, Pinou, Joe …
voire Joe Le Teigneux, Eagle IV (à bien prononcer à l'anglaise,
I'gueul fort) … un gars qu'a déjà bouffé des milles bien avant
moi …
Chouette je vais pouvoir faire des
vraies siestes même en pleine mer...!
Bienvenue à bord, mon JP… !!
Howth ...
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