vendredi 7 août 2015

Nouvelle donne

Deux mois et demi, déjà, que j'habite le rêve qui m'avait emporté depuis longtemps dans les méandres de ses incertitudes, de ses peurs enfouies, de ses envies de renoncements et de ses élans prometteurs qui me procuraient une énergie folle.
Deux mois et demi d'une vie dans un espace visuel, sonore et sensoriel mélangé de folie et d'envoûtement, où Nomade est devenu ma maison, mon cocon où je me réfugie, où j'explore la suite du rêve dans des sommeils vigilants mais confiants, et où le présent se savoure dans une lucide intensité que je ne crois pas avoir connue auparavant.
Les rencontres avec les gens - mais que dis-je, les gens ... bien plus souvent des amitiés brèves que le hasard m'a servies sur le plateau doré de l'authenticité et du sens du partage et que je ne reverrai plus – ont effacé toute impression de solitude malgré mes navigations en solitaire.
Reinhold et Monica, Bill, Henri et Geneviève, Anne et Michel, Patrick et (zut j'ai oublié, mes hollandais si gentils lui et ses allures de vieux hippie tout de blanc chevelu et barbu et surtout elle dont je ne me pardonnerai pas d'avoir oublié son prénom – il me reviendra ? - et dont j'entends encore son émouvant «Take care with you, Dominique» quand on s'est quittés…), Bruno et Maryvonne, Tom, Wally, et j'en oublie beaucoup, et dont je n'ai même pas eu le temps de retenir les noms, mais leur empreinte est là …
Et puis tous ceux que j'ai croisés même brièvement et qui souvent m'ont livré leurs conseils, leur attention, leur gentillesse, un salut de la main accompagné d'un mot agréable comme ce jovial « bon voyage» de l'éclusière de Killrush, la pointe d'accent à renverser le coeur. Ce voisin de ponton à Howh, aujourd'hui, un local, qui vient toquer au bateau et me dire spontanément «si tu as besoin de quoi que ce soit, surtout n'hésites pas ...»
Merci à tous ceux-ci, et puis à vous aussi pour votre présence pressentie avec intensité, amis, famille et lecteurs dont j'ai reçu en plein coeur les messages personnels du genre «on voyage avec toi, Dom»(si je vous disais mes statistiques journalières de lecture …parfois je n'en reviens pas!). Merci d'avoir contribué à m'aider à «tenir la barre» tout seul dans ces contrées exigeantes et magnifiques.
Et parmi les lecteurs voileux, sincèrement, je vous le dis, si ce n'est pas déjà fait, venez vous enivrer ici, au moins une fois. Bien de ceux que j'ai rencontrés et cités plus haut on carrément le virus, et n'en finissent pas de revenir alors il faut bien les croire en cela qu'il y a quelque chose de différent … qui vaut largement tous les ciels bleus des latitudes bien plus sud …dans sa dimension si particulière et authentique.

Lonely sailor, but never totally alone.
Et même s'il se passait bien souvent plusieurs jours vraiment isolé à attendre dans un coin abrité au mieux qu'on peut la fin d'un coup de vent, chaque coin de ciel dégagé même le plus bref m'a livré ses émerveillements.

Ce soir, mon équipier arrive, et c'est une nouvelle page qui s'ouvre pour cette route du retour.
Tom le pilote va pouvoir se reposer, le temps ne va plus se dérouler de la même façon, c'est un autre partage qui va commencer et la route à venir promet d'être encore bien passionnante avec quelques étapes irlandaises jusqu'à refermer la boucle intégralement sur Kinsale avant de redescendre, via les Scilly, sans aucun doute sauf si la météo, sans laquelle rien n'est possible, en décide autrement ...

Pour nombre d'entre vous, il me semble inutile de le présenter.
Jean Pierre, alias JP, Pinou, Joe … voire Joe Le Teigneux, Eagle IV (à bien prononcer à l'anglaise, I'gueul fort) … un gars qu'a déjà bouffé des milles bien avant moi …
Chouette je vais pouvoir faire des vraies siestes même en pleine mer...!

Bienvenue à bord, mon JP… !!

Howth ...

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