lundi 6 mai 2019

C'est demain (version 2019)


Six cent vingt trois jours que Nomade semble attendre son heure, depuis cette arrivée à Port Haliguen après onze mille milles nautiques en solitaire.

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps !

(Baudelaire - Le voyage)
.

Peut-être la mer est-elle le meilleur endroit pour que les traces d'un lointain passé que je pensais indélébiles se fondent et s’effacent mieux dans le voyage, comme s'efface la trace de sillage dans eaux du temps.

S’occuper à fendre la nouvelle trace, celle de l’avant, qui met à l’étrave de Nomade une moustache d’écume pour qu’il prenne soudain des airs de vieux baroudeur mal rasé.

Nomade est chargé à nouveau, sa ligne de flottaison est redescendue d’un bon centimètre.

Et puis, élément nouveau désormais … ma guitare est à bord, mine de rien elle ne me quitte plus celle-ci, malgré ses cordes acier qui à force d'apprentissage m'ont mis (douloureusement parfois !) de la corne au bout des doigts comme il pourrait y en avoir au creux des mains du marin.
Du bois et des cordes, tiens, une sorte de vaisseau auquel il ne manquerait que les voiles ?
Ou alors si, quand je serai au point, la musique qui en sortira sera, qui sait, la voilure pour d'autres voyages ?
En tout cas elle fait partie de l'équipage désormais.



C’est demain.

Pas de quoi faire le malin.

Mais cette envie qui me met comme à chaque fois cette espèce de boule aux tripes.

« C’est normal, c’est le boulet aux pieds qui remonte » m’avait dit l’Amiral lors d’un précédent départ.



Pour l’aspect plus indispensable de la prévision météo, c’est du vent plutôt sud-est à sud qui devrait m’aider à remonter au portant un cap nord-ouest.

Cool comme on dit de nos jours.

Par contre, mercredi, c’est du vent frais assez fort annoncé. Allez, je ne vais peut-être pas commencer tambour battant, il faut reprendre ses marques, ses habitudes, son rythme de cette vie en mer, la façon de bouger, de manger, de se reposer.

Une halte à Groix ou Lorient mardi soir, une journée relâche avant de monter vraiment passer le Raz de Sein, faire escale à Camaret l’inévitable avant de s’élancer en Manche, traverser l’autoroute des cargos dans la nuit, des immeubles à la queue-leu-leu, les montants, puis les descendants, en visant bien le passage entre deux, et puis atterrir dans l’archipel des Scilly, comme en 2015 pour la montée vers l’Irlande … 







C’est demain, enfin …

C’est demain, c’est bien …

1 commentaire:

  1. Bonjour Dominique,
    Une fois encore, merci pour le partage et bonnes navigations à toi.
    Je continue à suivre de loin tes pérégrinations... En attendant le prochain départ de 3gouttes ;-)
    Emmanuel

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