Six cent vingt trois
jours que Nomade semble attendre son heure, depuis cette arrivée à
Port Haliguen après onze mille milles nautiques en solitaire.
Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps !
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps !
(Baudelaire - Le voyage)
.
Peut-être la mer
est-elle le meilleur endroit pour que les traces d'un lointain passé que je pensais indélébiles se fondent et s’effacent mieux dans le voyage, comme s'efface la trace de
sillage dans eaux du temps.
S’occuper à
fendre la nouvelle trace, celle de l’avant, qui met à l’étrave
de Nomade une moustache d’écume pour qu’il prenne soudain des airs de vieux baroudeur mal rasé.
Nomade est chargé à
nouveau, sa ligne de flottaison est redescendue d’un bon
centimètre.
Et puis, élément
nouveau désormais … ma guitare est à bord, mine de rien elle ne
me quitte plus celle-ci, malgré ses cordes acier qui à force d'apprentissage m'ont mis (douloureusement parfois !) de la corne au bout des doigts comme il pourrait y en avoir au creux des mains du marin.
Du bois et des cordes, tiens, une sorte de vaisseau auquel il ne manquerait que les voiles ?
Ou alors si, quand je serai au point, la musique qui en sortira sera, qui sait, la voilure pour d'autres voyages ?
En tout cas elle fait partie de l'équipage désormais.
C’est demain.
Pas de quoi faire le
malin.
Mais cette envie qui
me met comme à chaque fois cette espèce de boule aux tripes.
« C’est
normal, c’est le boulet aux pieds qui remonte » m’avait dit
l’Amiral lors d’un précédent départ.
Pour l’aspect plus
indispensable de la prévision météo, c’est du vent plutôt
sud-est à sud qui devrait m’aider à remonter au portant un cap
nord-ouest.
Cool comme on dit de
nos jours.
Par contre,
mercredi, c’est du vent frais assez fort annoncé. Allez, je ne
vais peut-être pas commencer tambour battant, il faut reprendre ses
marques, ses habitudes, son rythme de cette vie en mer, la façon de
bouger, de manger, de se reposer.
Une halte à Groix
ou Lorient mardi soir, une journée relâche avant de monter vraiment
passer le Raz de Sein, faire escale à Camaret l’inévitable avant
de s’élancer en Manche, traverser l’autoroute des cargos dans la
nuit, des immeubles à la queue-leu-leu, les montants, puis les
descendants, en visant bien le passage entre deux, et puis atterrir
dans l’archipel des Scilly, comme en 2015 pour la montée vers
l’Irlande …
C’est demain,
enfin …
C’est demain,
c’est bien …
Bonjour Dominique,
RépondreSupprimerUne fois encore, merci pour le partage et bonnes navigations à toi.
Je continue à suivre de loin tes pérégrinations... En attendant le prochain départ de 3gouttes ;-)
Emmanuel