mardi 30 août 2016

Muros nocturne

30 août 2016 – Port de Muros - Espagne



A chaque fois c'est un peu pareil, cet espèce de petit pincement au coeur quand la nuit s'avance et que je m'apprête à rejoindre mon cocon-cabine pour me coucher afin de repartir frais et dispo au petit matin vers une autre destination.

Comme si ce départ venait briser une sorte de reprise d'habitudes mêmes si celles-ci s'étaient reconstruites pour les quelques heures d'une escale.

Comme si nous avions, vraiment, nous les humains, besoin de racines et que même déracinés nous nous en construisons de nouvelles en très peu de temps ?

Ne sommes nous pas, en somme, d'une nature assez végétale, comparés par exemple à ces oiseaux marins qui font mon admiration en pleine mer. Cette façon élégante et sereine de virer l'aile sous le vent , comme insouciants à l'état de la mer et du vent que moi par contre je scrute avec une attention vigilante… est-ce cela la liberté ?

Je les en envie parfois, je vous assure.
Ce voyage solitaire contient assurément une dimension de démolition des habitudes ... faut s'y faire ...faut que l'être socio-habitué trouve ses nouvelles marques.



Après avoir déambulé dans les rues à arcades le long des quais et dans les étroites ruelles arrières, j'ai marché le long du quai des pêcheurs à la nuit tombée. Dans ces moments nocturnes les quais prennent une dimension plus fascinante, plus énigmatique, avec les projecteurs de ponts des chalutiers illuminant les enchevêtrements de filets, de cordages, de flotteurs, puis ces inquiétants chaluts, énormes bobines destinées à charrier ces immenses filets … ce mélange d'odeur et d'imagerie unique, qu'elle soit de Concarneau ou de Muros, la même, hors toute frontière, l'odeur et l'imagerie du monde de la grande pêche. Quelle vie ont les gars qui font ce boulot là ? Parfois je me dis que j'aimerais aller avec eux une fois , pour comprendre.

Un patron à la passerelle a l'air penché avec attention sur une lecture importante. Il est entouré de multiples écrans parmi lesquels je devine une cartographie de la baie locale sur l'un, les cercles concentriques de l'écran radar sur un autre, puis sur les autres je ne sais pas, mais cet équipement d'écrans numériques multiples me fait penser à ces salles d'ordinateurs que j'ai côtoyées dans mon métier.

La différence ici est que l'administrateur de cette salle informatique a bien des choses à s'occuper autres que ces seuls écrans.

Un sacré métier !



Bon je rentre, demain j'ai un peu de route.

Il y a un rythme à trouver dans cette vie marine solitaire qui s'installe … un peu comme dans un impro musicale, entre clavier, percus, cordes, mondes différents qui vont finir par se comprendre et se mettre en phase … je m'installe, petit à petit, je voudrais fusionner, mais trop vite car je ne ferais que fondre …

Prends ton temps, Dom, prends ton temps … ça vient … écoutes tout ça comme le vent qui vient …

Bises nocturnes

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