samedi 15 avril 2017

La Petite Terre

Rassurez vous je ne me lance pas dans une métaphore globale comme il s'en fait de nos jours sur le thème de notre planète qui serait toute petite et que certains nomment parfois même le ''village planétaire''.

Et puis je peux vous assurer que vu d'une coquille de noix de neuf mètres virgule quarante de long au milieu de l'Atlantique, j'invite alors ceux qui évoquent ce ''village planétaire'' à sortir leur yeux de leurs écrans informatiques et le nez des gazettes branchées, à descendre des passerelles d'Airbus (ou Boeing, je ne suis pas chauvin)  et à faire le tour du ''village'' sur une coquille de noix, même de quinze ou vingt mètres s'ils veulent, je ne serai pas jaloux, mais à la voile, et alors je recueillerai volontiers leur impressions une fois qu'ils l'auront vraiment parcouru, le ''village planétaire''.

Mais non, elle n'est pas petite, notre terre...!
Je vous jure qu'elle est encore immense.

En revanche, ''La Petite Terre'', ainsi nommée, est vraiment une petite terre, mais j'ajouterais une ''bien jolie Petite Terre''.

Pendant cette semaine passée à la ''marinette'' (voir deux articles en arrière) de St François, oubliée la ''touchette'' sur le haut fond du bord du chenal, j'ai tenu assez bien ma décision annoncée. Levé vers 6 heures du matin avec juste une exception le dimanche dont je me suis dit que je n'avais pas à en avoir grande honte, parfois même plus tôt, avalé un bon bol de corn flakes-lait, un footing notamment à courir jusque sur la longue jetée du port de pêche, pompes et étirements au bout du môle sous le feu rouge tribord ( eh oui, pour ceux qui retenaient péniblement les astuces mnémotechniques comme ''bas si rouge et tricot vert'', ici côté continent américain, tout est inversé, la rouge à tribord et la verte à bâbord...) suivi d'une séance de natation sur la plage vers l'entrée du port, puis passage par la douche du port, je cours avec tout ce qu'il faut dans le sac à dos … et retour au bateau vers 7 heures … la journée commence et je me sens bien comme jamais, à un point tel que j'en ai oublié de boire quelque café que ce soit pendant quasiment une semaine.
Je vous passe les autres détails, j'ai encore avalé plusieurs bouquins, petits tours au marché de la rotonde où les doudous t'interpellent depuis leur étals de fruits, légumes, punchs et rhums arrangés, même pour ne rien acheter, juste baguenauder, voir des gens, sentir la vie …un vrai besoin ...

Je repars un beau matin, sans mon footing-natation, mais à la même heure, et j'ai à passer mon scrongneugneu de chenal sans toucher cette fois-ci.
Remarquez, des fois je me dis ''mais tu les cherches?'' car si en entrant le soir j'avais le soleil dans le pif, eh ben en repartant dans ce chenal orienté est-ouest, devinez ? Le matin au lever du jour j'ai encore le soleil dans le pif !!
Mais bon, bien préparé, carte étudiée, vu et revu les bateaux entrant et sortant, pigé … c'est passé tout seul … avec un ''ouf'' de soulagement en passant les dernières bouées de chenal.
Parti à la fraîche car je voulais absolument arriver tôt à Petite Terre, à une dizaine de milles de là ...dans le sud-est avec un vent de sud-est … tiens, le vent lui aussi est dans le pif !

J'aperçois soudain à l'arrière de Nomade comme une grosse corolle noire qui surgit et disparaît dans l'eau en quelques secondes, trop court et trop loin pour faire une photo, la queue d'une baleine qui repart en plongée, parait qu'il y en a pas mal en ce moment, dixit Michelet l'ami saintois l'autre jour, ce serait un peu la ''saison''.

Après environ trois heures à tirer des bords contre le vent, j'arrive, avant les vedettes rapides de promenades, j'entre doouuucement dans la passe qui mène au lagon, teuf-teuf-teuf, oeil sur la carte, oeil sur la couleur du fond, oeil sur le sondeur, oeil sur les côtés où ça déferle sur les hauts fonds, j'ai des yeux partout, je dois pas être beau à voir, le genre solitaire monstrueux mutant... Re-ouf !
J'accroche vite fait un corps mort disponible sinon moins d'une heure après c'était cuit, yen avait plus, et mouillage sur ancre interdit, réserve naturelle.

Eh ben il avait raison, le barman saintois qui habite à bord de son arpège, Petite Terre, c'est BEAU !
La carte postale eau turquoise, sable blanc, cocotier, pas d'habitations.
Heureusement, petit temps d'alizé modéré sud-est et houle itou, sinon placé là où c'est, alizé soutenu avec forte houle un peu nord … tu oublies , tu ne rentres même pas dans le lagon …des fonds dans la passe qui remontent jusqu'à 2m50 par mer calme … mer forte s'abstenir.

Eau turquoise, derrière Nomade, Terre de Haut et sa végétation courte et dense, interdit d'y aller même poser le pied sur son sol en sortant de l'eau, réserve naturelle.

Terre de Bas, cocotiers, sable blanc, baignade, pique-nique, le petit coin de paradis à moins d'une heure de traversée en vedette à moteur de St François qui en fait son activité touristique.


Dans la baignade palme-masque-tuba ( qu'on nomme désormais snorkelling, pauvre langue française...) j'ai cru apercevoir une tortue, mais il y en a c'est sûr à en croire ces touristes de vedettes dont l'un le papa criait à sa fille ''viens, viens vite, ton frère a nagé avec les tortues !!''
Moi j'ai nagé avec une raie, c'est joli une raie, gracieuse, ses élégantes ondulations de sa grande robe plate, sa silhouette de vaisseau spatial dont on attendrait quelque martien sortir de quelque part, son regard, par contre, avait l'air de dire ''t'y frottes pas, s'te plaît'', ( et il me semble qu'elle a un venin au niveau de la queue , quelque chose comme ça cette variété de raie…) escortée de deux de ces poissons dont je ne sais plus si c'est eux qu'on nomme poissons coffre, qui la suivaient partout, comme deux notaires intéressés plutôt que comme deux servantes.
Je n'ai pas pu filmer, caméra pas assez chargée, ça a cafouillé, quand je pensais filmer ça ne filmait pas et inversement, et je n'y voyais rien sur les voyants avec ce foutu masque ( snorkelling ?)... désolé.

A terre, sur Terre de Bas, car Terre de Haut est interdite à l'humain, c'est la partie terrestre de réserve, ballade sur le petit sentier qui mène jusqu'au phare, qui a cessé d'être habité vers les années 1970...



Le phare, le tout premier de Guadeloupe vers 1840 et un des premiers du Nouveau Monde.


Des iguanes, un peu partout, pas bien farouches, genre 
''dis donc, mec, on est chez nous !""

même en travers du chemin, à taper la discute, et qui croyez vous qui fit un détour ?
"dis donc mec, on est chez nous !''


Et là-bas, tout là-bas, loin loin derrière ces déferlantes sur la barrière de corail, direction nord-est, à 3400 milles nautiques de là via les Açores, 6300 kilomètres ....Bretagne, maison .... bientôt !!

Alors voilà, je rentre me poser à Pointe à Pitre, en gardant peut-être cet endroit comme une de mes dernières images de cocotiers-sable-blanc-eau turquoise, une belle image.
Désormais, j'ai à me préparer à tous les niveaux pour retraverser ... un océan ... dans l'autre sens ... d'ici une quinzaine de jours grosso modo ...
 

1 commentaire:

  1. oui ramènes nous un peu de chaleur, car en ces jours de Pâques ici c'est plutôt frais et gribouille...enfin j'te fait pas un dessin ...tu connais !
    de biens jolis endroit que tu as visité...là aussi tu pourras nous guider si d'aventure nous retournons dans ces lieux paradisiaques...boire un coup avec l'ami Michelet et retrouver les senteurs des Saintes et les "tourments d'amour"...bref on t'attend de pied ferme...oui je sais y'a encore quelques milles à parcourir mais cela va venir vite pour l'instant...
    Moi je prépare la semaine du Golfe (enfin je prépare surtout mon bateau qui est un peut en pièces détachées...) et je m'occupe ardemment de notre terrain de Penthievre car si les dieux sont avec moi (j'y crois un peu !) cette affaire pourrait être réglée lors de ton retour...!!!cela va sans aucun doute me soulager...(tu connais l'histoire !) bref profites bien l'ami Dom et continues à nous faire rêver de ta plus belle plume !!!
    (ah si ! j'ai changé ma monture automobile...y'avait besoin ;-)

    RépondreSupprimer

Vos commentaires ou messages sont les bienvenus ici.