lundi 5 décembre 2016

Transat - message 2

position à 10h00 UTC :
distance parcourue en 46 heures: 252NM , soit une moyenne de 5,5Nds
distance restante : 1841NM

Je crois que ma nouvelle hélice tripale fixe me pénalise un petit peu tout de même en vitesse ...puis j'ai aussi la traînée
de l'hydrogénérateur que je laisse en fonction, pour avoir l'énergie qu'il faut pour le froid alimentaire et les instruments
surtout la nuit, pas de dérogation sur la sécurité, je suis seul, il faut contrôler et veiller un minimum, tout de même...

Le rythme de vie de la longue route solitaire s'installe peu à peu.
En témoigne mon dîner d'hier soir, sous un soleil tombant en feu rougeoyant devant Nomade pour aller se noyer dans l'océan.
Je cuisine le frais autant que possible et tant qu'il y en a: un petit chou vert cuisiné avec une tranche de lard, ça vous
redonne l'énergie de préparer ça en prenant soin que les choses ne partent pas dans tous les sens dans une vague espiègle.

Tombée de la nuit, lune en premier quartier et puis à trois doigts en dessous, superbement brillante un peu bleuté, Vénus,
comme une perle dans le ciel.
Puis le soleil qui revient par l'arrière pour me saluer de nouveau.
Je fais en quelque sorte la course du soleil.
Au matin, je délaisse le bol de corn flake de la veille, petit déj royal cette fois-ci, oeufs au lard, orange capverdienne
pressée,yaourt coco, thé.

Dans ce cycle là, je me dis souvent que les marins des temps très anciens, quoi qu'en disaient les autorités religieuses de
l'époque, celles qui faillirent brûler Galilée et l'obligèrent à se renier, devaient percevoir que tout ça c'est rond, que
ça tourne, et que ça n'est certainement pas plat.

Hier un oiseau, de la taille d'un fou de bassan, plumage gris, mais bec effilé, est venu tournoyer autour du bateau pendant
un long moment, repassant tout près du gréement comme s'il inspectait la possibilité de se poser. Je voyais son oeil
interrogatif.
"Allez, viens te reposer un peu ...".
Puis il a décliné et s'est éloigné.

La houle n'est pas trop forte, elle a diminué un peu et le vent se stabilise autour des vingt noeuds, Nomade glisse dans les
alizés ... avec bonheur pourrais-je dire.
Milieu de nuit, un feu de route sur babord, il me gagne progressivemet puis m'envoie des signaux lumineux auxquels je
réponds. Il n'a pas d'émetteur AIS , je ne peux pas savoir qui c'est.

Je redors et "ding, ding" ... "ding, ding" .. alarme AIS, un voilier fait route sud et me passe devant à 2 milles ... merci
l'AIS!

Et au petit matin, appel VHF "Nomade, Nomade, de Genesis, Genesis" ... non, c'est pas Phil Collins ni Peter Gabriel qui
m'appellent, Genesis est un gros voilier Chattam coque acier, des gens avec qui j'ai fait connaissance depuis pas mal
d'escles, mais ils n'ont pas d'émetteur AIS, juste un récepteur, donc eux me voient, moi pas, cette nuit les signaux c'était
eux. On cause un peu en VHF, ça fait du bien. Je les ai en ligne de mire depuis. Leur bateau étant bien plus lourd, ils ont
laissé toute la toile, moi j'ai gardé mon ris, question de confort ... puis je ménage la monture, ya pas le feu, ça glisse
gentiment, tout est bien...

Chronique d'une vie ... presque ... ordinaire ?
Chronique dune tranche de bonheur.

1 commentaire:

  1. Salut Dominique ! Tu dois atterrir où exactement ?
    Bien à toi et bon vent.

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