mardi 2 juin 2020

Sons et lumières

Sons :

Le ralentissement de l’activité humaine pendant le confinement généralisé pour cause de pandémie du coronavirus semble bien avoir eu quelques effets notables, disons les positifs, sur l’environnement. Certaines mégapoles de notre planète qui semblaient se remettre à respirer, animaux devenant un peu plus visibles et proches.

En mer c’est au niveau des sons que l’effet a été très remarquable, en témoigne cette étude de chercheurs de l’université de Toulon qui ont écouté sous l’eau la faune méditerranéenne comme le reporte un article de Libération du 1er juin 2020.

La pollution sonore sous-marine liée à l’activité humaine a un impact très néfaste sur la faune.

Lors de cette extinction de notre pollution, les chercheurs sont constaté un changement du milieu, ‘’la microfaune, la faune (poissons, mollusques) et la mégafaune (mammifères marins) ont vu leur milieu changer. Les bancs de poissons étaient moins stressés et plus nombreux...’’(citation Libé)


Puis-je témoigner moi aussi de quelque chose de cet ordre ou bien n’est-ce qu’une fausse impression de ma part ?

J’ai repris la navigation dans les limites imposées des 100km par les règles du déconfinement et j’avoue mon heureux étonnement de la quantité de rencontres de dauphins que j’ai pu faire dans nos eaux proches en quelques jours.

Remontant de Piriac (Loire Atlantique) vers l’île de Groix, une première rencontre un peu en dessous de l’île de Houat avec une bande de dauphins qui viennent batifoler joyeusement autour du bateau et faire un bout de route avec moi.

Dans ce secteur c’est très inhabituel (en tout cas pour moi).

Le lendemain, même type de rencontre en repartant de Groix et remontant vers Concarneau.

Même bande de joyeux drilles qui font les fous autour de Nomade dans leurs élégantes acrobaties.

Le troisième jour, à nouveau dans l’après-midi en repartant de l’archipel des Glénan pour la route de retour. Toujours autant de bonheur à être accompagné ainsi.

Et le must … pendant la nuit, sous la douce lueur de la lune qui donne des reflets d’argent aux crêtes des petites vagues, leurs dos bruns viennent onduler autour de Nomade, leurs ventres blancs luisants de lune lors de leurs acrobaties … le bonheur est total !

Je n’ai pas souvenir d’en avoir vu autant dans ce secteur. Y-a-t-il un lien avec ce que j’évoquais plus haut ?

Le son du bateau qui glisse sur la mer, se mêlant à celui des dauphins qui ondulent ou sautent autour, sifflement de décompression de leur évent, rayons de lune … le son et lumière est commencé.


Lumières:

Avec la nuit, tous les repères de distance s’estompent, ne restent que des lumières pour se repérer.

Le phare de la Pointe des Poulains, un éclat blanc toutes les cinq secondes, celui de Goulphar deux éclats blancs toutes les dix secondes, Belle-Ile est proche, puis dans la nuit qui noircit la cardinale sud Goué Vas Sud dont on cherche les six clignotements courts suivis d’un long. Elle approche, interminable puis on attend qu’elle passe sur le tableau arrière et d’avoir le feu vert et le feu rouge des marques latérales d’entrée dans le chenal de la Teignouse presque alignés pour virer au vent de nord-est qui s’est levé et fait faseyer les voiles dans le concert des toiles qui se dégonflent, le génois qui glisse dans un bruit de feutre contres les haubans puis qui voudrait gronder pour qu’on le borde sur le nouveau bord et plus vite que ça, il faut faire un bord nord bien serré pour parer les cailloux de la zone en pointant bien les feux, La grand-voile qui traverse le pont en balayant l’air, le cliquetis des winches qu’on embraque pour border tout-ça et relancer la machine .


Sons et lumières …. plus rien d’autre, plus de paysage, que des lumières pour se guider, et des sons pour comprendre, sentir, régler, ajuster.

Un monde à part dans lequel je suis le seul habitant à cette heure nocturne.

Un monde envoûtant et à deux pas d’ici, sans aller à l’autre bout du monde !

Son et lumière …. léger souffle de la petite brise de fin de nuit qui fait bruisser le jardin une fois rentré à la maison le lendemain.

Et puis lumières dans ce ciel clair et pur de tout début juin, pas très haut sur l’horizon, dans l’est encore ennuité, le scintillement rouge-orangé caractéristique de Mars, et à suivre un peu plus dans le sud-est, dans le prolongement de l’écliptique Saturne en légère estompe qui côtoie Jupiter qui brille en majesté, quelques étoiles luisent encore alentours dans ce ciel qui va bientôt commencer à l’éclairer. C'est juste beau.


Sons et lumières, pinceaux des phares guidant le marin, clignotements des cardinales, scintillement des étoiles, bruissements souples et feutrés des dauphins, des vagues, du vent dans les voiles, Nomade qui glisse dans ces conciliabules d'eau et de vent, oubliés dans ce savoureux intermède les tintamarres et les déferlements de néons et d’images-écrans …. Nomade m’attend , il en veut encore !

Quelques images:

rencontre avec un voileux-clarinettiste à Piriac. C'est la première fois dans ma courte vie de guitariste que je joue avec quelqu'un d'autre.
Puis rencontre avec des dauphins,


Un joli mouillage pour le dîner du soir, sur la côte sud de Groix - Port Vedan


Le trimaran géant Sodebo Ultim me croise de tout près, il glisse dans une sorte de bruit feutré avec une folle élégance à près de 20 noeuds quand Nomade est à 4 ou 5 noeuds dans le petit temps.


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1 commentaire:

  1. Merci ! un plaisir à lire et écouter... j'avais le moral en berne, ça m'a fait du bien.

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