jeudi 29 juin 2017

Terceira, dernière étape avant le continent.

27 juin - Horta:
Marie-Claire prend son taxi blanc-crème à l'arrêt des taxis alignés en attente pas loin de ''chez Peter'' pour rejoindre l'aéroport.
Dernière courte étape de solitude avant qu'Alex vienne me rejoindre à Terceira dans quelques jours.
C'est décidé je pars demain.
Ce sera dans l'après-midi, pour naviguer de nuit les 70 milles qui me séparent de Terceira.

28 juin:
Déjà plus d'un mois que je suis arrivé ici. Pas vu passer le temps, rythmé par les arrivées et re-départs de nombreux amis rencontrés tout au long de ce voyage, la rando, les balades, les soirées ''Peter'', Marie-Claire une semaine, et puis Horta est vraiment un carrefour.

Je vais voir l'ami Justin ( el corsario canariano ) et son arpège toujours à sec au chantier, on se quitte par une dernière et chaleureuse accolade en se disant des ''quedamos en contacto'' sans savoir si on se reverra un jour … c'est la dimension forte et particulière des amitiés des voyageurs de la mer. Et puis Joel (Captain-Jex, venu de Grenade avec son drôle de bateau et qui attend d'aller en Angleterre pour prendre un Swann 38 et faire son tour du monde en solitaire de premier afro-carribéen du genre), et puis l'ami Boris que je reverrai peut-être dans les environs de Lorient qui sait?
Patrick et son Cleo ont déjà rejoint leur port d'attache méditerranéen, Michel et son Selection 37 sont sans doute déjà rentrés à Brest ...
Et puis d'autres...
Est-ce qu'on se reverra ?
Pas facile de quitter cet endroit sans quelque émotion … je me concède une ou deux clopes malgré tout … comme dans les moments marquants où je cède à cette faiblesse.

Je déborde l'ile de Faial et le canal qui la sépare de Pico par un vent qui s'engouffre dans le goulet formé par les deux îles et qui m'amène des surventes à plus de 20 nœuds dans le nez, je tire des bords sous un ris dans la grand-voile.
Un grand bord plein nord vers Graciosa, pour passer Sao Jorge à son nord et espérer pouvoir être au cap par babord amure avec assez de vent appuyé jusqu'à la re-descente ESE vers Terceira,czr  je crains d'être déventé en restant dans le canal entre Pico et Sao Jorge, le vent est ENE et va mollir dans la nuit.

Une bande de dauphins – des petits dauphins communs, avec leur dos couleur anthracite et leur ventre blanc, viennent jouer et danser avec Nomade qui bouchonne un peu dans la houle plein nez.
Le moment de bonheur dure un peu, assez pour me mettre la joie au cœur.

Passée la pointe nord-est de Sao Jorge, bien débordée au nord, je vire ESE avec la nuit qui tombe, puis c'est le vent qui tombe lui aussi … moteur, pas le choix.
J'en ferai douze heures au total, jusqu'à l'arrivée, ponctuées par quelques poussées de vent où je renvoie le génois et coupe le moteur.
Des bateaux de pêche sur la route, quelques alarmes AIS, je dors peu, par toutes petites tranches.
C'est fou comme même après tant de milles parcourus, tant de nuits en mer, il y a toujours cet espèce de moment de latence des premières nuits d'une nouvelle étape où on n'est pas encore ''dedans'', où les mêmes inconforts reviennent comme si on débutait finalement toujours quand on est en mer … Après tout n'est-ce pas là une des clés de ce qui en fait sa dimension unique et envoûtante, cette espèce de perpétuelle leçon d'humilité qui ne nous laissera jamais jouer les gros bras ?

29 juin - Terceira:
J'entre dans le port de Angra de Heroismo et je suis amarré à midi, avec 93 milles au compteur sur le parcours initial de 70.
Grosse sieste ...
J'avais hésité à aller à Praia de Victoria, proche de l'aéroport, mais un vieux solitaire rencontré à Horta m'a dit ''vas à Angra, c'est la plus belle ville des Açores''.
Ne connaissant pas toutes les Açores, je n'ai pas les éléments de comparaison, mais cette ville est superbe, jolie, avec sa belle église à façade bleue et blanche qui surplombe le port (parmi d'autres
car des églises il y en a plein …), ses maisons colorées sur les alentours, ses rues animées...
Et puis la ville est en fête, les fêtes de Sao Joao, qui vont se terminer ce week-end.
Nomade à son ponton est juste à côté de la scène où doit se tenir un concert rock qui commence semble t'il très tard.
Pour le moment, je les ai entendu faire la balance et quelques morceaux de ''répète'' , bon sang ça joue bien.
Et me vient alors le souvenir de mon arrivée à La Graciosa – la Graciosa des Canaries – le jour de mes 60 ans en octobre l'an dernier, où tout pareillement la ville était en fête et un groupe rock avait joué superbement ( ...du Police entre autres, hein les fréros …!)
Décidément comment croire que le hasard ne serait que seul en cause pour me présenter ainsi les ingrédients de ce qui ressemble vraiment de plus en plus à la fermeture imminente – et heureuse - d'une boucle …!

Des images à venir par la suite… le concert rock va bientôt commencer … je vais en prendre plein les oreilles, une nuit de nav' ... puis une nuit de rock ... pas belle  la vie ?

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