Il faut finalement peu de temps
pour se réacclimater, pour retrouver ses marques.
Après mon arrivée fin juillet, tout
semble s’être remis en place en peu de jours pour faire en sorte que la vie
reprenne son cours dans cette espèce de normalité qu’est la vie de terrien sédentaire.
Les enfants et petits enfants qui viennent passer un temps de leurs vacances, c’est
l’été, les amis, les barbecues qui crépitent, le confort retrouvé d’une maison
qui parait immense par rapport à cette année de vie dans les quelques mètres
carrés de mon Nono-ma-petite-maison-dans-la-prairie-océane.
Puis l’été s’échappe, avec un
peu d’appréhension après avoir vécu en définitive un peu plus d’un an, dans un
temps estival qui m’emporta de l’été breton vers les chaleurs des tropiques.
L’automne arrive et remet des
couleurs nouvelles dont je m‘étais pris à rêver parfois dans mon
quasi-permanent soleil de cette boucle atlantique.
Septembre a l’air de s’étirer de
sa sieste post-estivale en tirant ses dernières cartouches d’ensoleillées sublimes.
Le Golfe de la ‘’petite mer’’ (mor – bihan ) commence à préparer ses espaces de
quiétude qui accueilleront à l’hiver les bernaches pour leur escale qu’on espère
se répéter jusque à la fin des temps, afin de nous donner l’envie retourner encore
et encore marcher dans le fond des anses apaisées, du côté se Noyalo, Saint
Armel, ou d’autres encore, le froissement des pas bottés de caoutchouc sur les
sables humides ou les algues glissantes des marées basses faisant comme un écho
quasi-silencieux aux paisibles conciliabules de ces belles voyageuses.
J’ai pas mal de travaux de
divers entretiens ou réparations sur Nomade qui a supporté tout le périple sans
broncher, mais à part quelques faciles interventions je reporte tout ça non pas
au calendes grecques mais tout simplement à plus tard.
Ce samedi 23 septembre, c’est un
beau soleil et une jolie petite brise de Sud-Est qui m’invitent à partir pour
peut-être une des dernières sorties de l’année avant de préparer Nomade à son
hivernage.
J’aborde la passe de La
Teignouse dans une jolie brise par le travers qui me pousse dans un
allegro-ma-non-troppo à sept nœuds et demi, avec le courant plein-cul de la marée
descendante, puis j’enchaîne la remontée vers l’île de Groix avec le vent cette
fois-ci plein-cul, voiles en ciseaux.
Les quelques heures de ce petit
bonheur me font arriver à Port-Tudy en fin d’après-midi, dans un soleil qui s’affale
sur l’horizon en révélant une palette de ces sublimes contrastes que j’avais un
peu oubliés.
Ces jours derniers j’ai ressorti
le chevalet et les pinceaux dans un espace réaménagé à la maison, avec plein de
questions sur ma motivation à ressortir ces blanches toiles … car, le savez-vous ?
On évoque souvent l’angoisse de la page blanche à propos de l’écrit, l’angoisse
de la toile blanche procède à l’identique, mais me voilà ici en cette belle lumière
de fin de journée avec un début de réponse !
Après une nuit paisible dans mon
cocon retrouvé, le jour apparaît dans la grisaille et le crachin, plus d’horizon,
ce coton de brumes qui enveloppe les lointains me remémore soudain ces paysage
d’Irlande que j’avais parcourus lors de mon ‘’tour de chauffe’’ en 2015. J’y
trouve une émouvante beauté et comme une invitation.
Nomade a retrouvé vie dans cette
petite escapade et j’ai l’impression de retrouver mes marques de voyageur maritime.
L’eau du robinet du bord qui coule bien froide, trop froide, au petit matin, les
plexiglas des hublots qui transpirent d’humidité, tous ces signes de grande
banalité me signifient que les tropiques sont loin derrière moi, mais que tout
le reste est là, mon espace restreint mais néanmoins empli de la chaleur de
tous ces souvenirs, et ce sentiment d’habiter une espèce de ‘’chapelle de la liberté’’
à nouveau.
Petit déjeuner, remonter la rue bien
raide jusqu’au bourg pour prendre du pain frais, redescendre au bateau en saluant
au passage les voisins de ponton, rien que ça déjà, quand tu as des voisins de
ponton avec qui tu as embrayé une discussion brève la veille, tu as déjà refait
un pas vers ce monde des gens qui vivent la mer.
Sac à dos avec l’appareil photo,
ciré, c’est parti. Le petit sentier est noyé de crachin et de brumes qui enveloppent
la trait de côte, il mène dans un silence cotonneux vers le minuscule Port Lay
où les barques paraissent endormies à marée basse au bout de leurs longues
aussières qui remontent comme un épi vers la chaîne-mère sur la jetée de pierre.
Le vent est tombé, il reviendra demain
par le Nord-Ouest, annoncé force 3 à 4, parfait pour redescendre vers la baie de
Quiberon, alors comment faire autrement ?
Je vais rester ici une nuit de plus,
évidemment !
Port-Lay
Mouillage dans les brumes
Le sentier côtier
Une petite toile commencée l'an dernier, enfin achevée au retour:
Marée basse au Logeo, avec les parcs à huîtres au fond
Marée basse au Logeo, avec les parcs à huîtres au fond
Salut Dominique,
RépondreSupprimerBravo pour ton "odyssée", tu as eu le courage de couper les ponts et réaliser tes rêves...
Jean Michel Ouvrard, un ancien collègue vendéen