mercredi 17 février 2016

Météo ... mais t'es où ?


Après les cartes papier, le voyage par procuration continue avec la préparation des moyens pour la météo.
Vaste sujet que celui de la météo.

Alors ... un sujet un peu technique.

La météo des terriens se borne souvent à nous expliquer qu'ici il fera "beau", que là il va "pleuvoir", et que là-bas arrive une "perturbation"... guère plus.
Et la plupart du temps on regarde ça d'un œil un peu détaché, surtout quand la présentatrice télé nous fait ses circonvolutions gestuelles sur sa carte pour nous expliquer de quoi seront faits nos prochains jours ...
Pourrons nous prendre l'apéro en terrasse demain soir ?
Faut-il prévoir le parapluie dans la malle de l'auto ?

En navigation, tant qu'on reste à proximité des côtes, jusqu'à quelques milles nautiques, on est désormais quasiment assuré d'avoir Internet par la 3G pour tapoter sur nos smartphones afin d'avoir le compte rendu d'un des nombreux sites dédiés, ou au pire on est à portée de radio VHF et il n'y a qu'à  écouter le bulletin météo diffusé aux heures prévues.

Mais au large, lors des navigations qui s'étalent sur plusieurs jours, comment fait-on pour s'assurer de ne pas tomber dans un piège de mauvais temps ?
Depuis un certain nombre d'années le progrès technologique nous a apporté de téléphone satellite qui permet d'être relié partout, même en plein océan.
Le débit reste faible pour recevoir des données, sans commune mesure avec nos 3 ou 4G mobiles, plutôt la vitesse de nos vieux modems sur le téléphone dans l'époque des balbutiements d'internet. .
Et le prix de la minute, allègrement supérieur à 2€, quand à lui ne permet pas d'y passer des longues minutes ni de papoter pour ne rien dire ...
Alors dans ce cas on optimise et on parvient à recevoir par mails compressés des données météo suffisantes. Donc on a une solution pour recevoir des informations qu'il faudra malgré tout analyser un minimum et pondérer par l'expérience.
Mais ça n'est pas gratuit, on peut même dire que ça peut coûter cher assez vite au prix de la minute et surtout à une vitesse grosso modo de 56KBps guère plus ... bien loin de nos mégabits de téléphonie portable classique.

Mais il reste une autre technologie qui a fait ses preuves par le passé, depuis bien avant l'époque des satellites, celle les ondes radio.
En marine, ce sont les ondes courtes, celles qu'on appelle la fameuse BLU ( pour Bande Latérale Unique) du fait de son mode de modulation.
Et là, à partir du moment où on a l'installation adéquate, on reçoit ... gratuitement.
On peut même avoir un équipement qui permet d'émettre ( un peu comme les radio-amateurs) mais sanas aller jusque là, la réception est finalement quelque chose d'assez abordable, et dont le principe m'a bien intéressé sans être bien complexe.

Le principe :
- un poste récepteur radio qui supporte les ondes courtes ( SW) en mode BLU ( ou SSB pour single side band, et plus précisément USB , upper side band), avec un pas de réglage de fréquence assez bas pour adapter les réglages aux émetteurs existants (Hambourg, en Allemagne, Northwood en Angleterre, Boston aux USA et j'en passe ..)
Je suis équipé du SANGEAN ATS 909x, un petit récepteur de base mais bien connu des voileux.
- un ordinateur , mon brave PC portable qui sert aussi à la navigation.
- un cable qui relie la prise jack de sortie casque de la radio à l'entrée micro du PC
- et un logiciel de démodulation pour mettre en forme les données.
- Et ! ... ne pas oublier , une antenne ! capter les ondes courtes (ou HF) est souvent un peu plus délicat que de capter les radios FM et elle détermine la qualité de réception des données.
Pour faire court, l'onde radio transporte l'équivalent de ce que transportaient les fils téléphoniques classiques = un Fax, et on parle d'ailleurs de météo-fax.
Par propagation des ondes courtes par ricochets sur les hautes couches de l'atmosphère, on arrive à recevoir loin de tout, y compris en plein milieu de l'océan.

On peut recevoir des cartes de ce type par exemple:


En gros, l'onde radio véhicule un son haut pour les points blancs et un son bas pour les points noirs.
Et il n'y a plus qu'à décoder ces points noirs et points blancs pour fabriquer l'image d'une carte de prévision météo.
On peut aussi recevoir des bulletins sous forme de texte.

Outre son côté "bidouille radio" qui se démarque un peu du "tout informatique et tout satellite", il y a un indéniable aspect nostalgique , je dirais poétique, même, avec ce son des ondes courtes transportant les données, et que j'appelle le "chant des octets".

Vidéo de la réception d'une carte d'analyse de surface sur l'Atlantique Nord depuis l'émetteur de Northwood en Angleterre














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