27 juin - Horta:
Marie-Claire prend son taxi blanc-crème
à l'arrêt des taxis alignés en attente pas loin de ''chez Peter''
pour rejoindre l'aéroport.
Dernière courte étape de solitude
avant qu'Alex vienne me rejoindre à Terceira dans quelques jours.
C'est décidé je pars demain.
Ce sera dans l'après-midi, pour
naviguer de nuit les 70 milles qui me séparent de Terceira.
28 juin:
Déjà plus d'un mois que je suis
arrivé ici. Pas vu passer le temps, rythmé par les arrivées et
re-départs de nombreux amis rencontrés tout au long de ce voyage, la rando, les balades, les soirées ''Peter'', Marie-Claire une semaine, et puis
Horta est vraiment un carrefour.
Je vais voir l'ami Justin ( el
corsario canariano ) et son arpège toujours à sec au chantier, on
se quitte par une dernière et chaleureuse accolade en se disant des
''quedamos en contacto'' sans savoir si on se reverra un jour …
c'est la dimension forte et particulière des amitiés des voyageurs
de la mer. Et puis Joel (Captain-Jex, venu de Grenade avec son drôle
de bateau et qui attend d'aller en Angleterre pour prendre un Swann
38 et faire son tour du monde en solitaire de premier afro-carribéen
du genre), et puis l'ami Boris que je reverrai peut-être dans les
environs de Lorient qui sait?
Patrick et son Cleo ont déjà rejoint leur port d'attache méditerranéen, Michel et son Selection 37 sont sans doute déjà rentrés à Brest ...
Et puis d'autres...
Est-ce qu'on se reverra ?
Patrick et son Cleo ont déjà rejoint leur port d'attache méditerranéen, Michel et son Selection 37 sont sans doute déjà rentrés à Brest ...
Et puis d'autres...
Est-ce qu'on se reverra ?
Pas facile de quitter cet endroit sans
quelque émotion … je me concède une ou deux clopes malgré tout …
comme dans les moments marquants où je cède à cette faiblesse.
Je déborde l'ile de Faial et le canal
qui la sépare de Pico par un vent qui s'engouffre dans le goulet
formé par les deux îles et qui m'amène des surventes à plus de 20
nœuds dans le nez, je tire des bords sous un ris dans la
grand-voile.
Un grand bord plein nord vers Graciosa,
pour passer Sao Jorge à son nord et espérer pouvoir être au cap
par babord amure avec assez de vent appuyé jusqu'à la re-descente ESE vers
Terceira,czr je crains d'être déventé en restant dans le canal entre Pico et Sao
Jorge, le vent est ENE et va mollir dans la nuit.
Une bande de dauphins – des petits
dauphins communs, avec leur dos couleur anthracite et leur ventre
blanc, viennent jouer et danser avec Nomade qui bouchonne un peu dans
la houle plein nez.
Le moment de bonheur dure un peu, assez
pour me mettre la joie au cœur.
Passée la pointe nord-est de Sao
Jorge, bien débordée au nord, je vire ESE avec la nuit qui tombe,
puis c'est le vent qui tombe lui aussi … moteur, pas le choix.
J'en ferai douze heures au total,
jusqu'à l'arrivée, ponctuées par quelques poussées de
vent où je renvoie le génois et coupe le moteur.
Des bateaux de pêche sur la route,
quelques alarmes AIS, je dors peu, par toutes petites tranches.
C'est fou comme même après tant de
milles parcourus, tant de nuits en mer, il y a toujours cet espèce
de moment de latence des premières nuits d'une nouvelle étape où
on n'est pas encore ''dedans'', où les mêmes inconforts reviennent
comme si on débutait finalement toujours quand on est en mer …
Après tout n'est-ce pas là une des clés de ce qui en fait sa
dimension unique et envoûtante, cette espèce de perpétuelle leçon
d'humilité qui ne nous laissera jamais jouer les gros bras ?
29 juin - Terceira:
J'entre dans le port de Angra de
Heroismo et je suis amarré à midi, avec 93 milles au compteur sur le parcours initial de 70.
Grosse sieste ...
J'avais hésité à aller à Praia de
Victoria, proche de l'aéroport, mais un vieux solitaire rencontré à
Horta m'a dit ''vas à Angra, c'est la plus belle ville des Açores''.
Ne connaissant pas toutes les Açores,
je n'ai pas les éléments de comparaison, mais cette ville est
superbe, jolie, avec sa belle église à façade bleue et blanche qui
surplombe le port (parmi d'autres
car des églises il y en a plein …),
ses maisons colorées sur les alentours, ses rues animées...
Et puis la ville est en fête, les
fêtes de Sao Joao, qui vont se terminer ce week-end.
Nomade à son ponton est juste à côté
de la scène où doit se tenir un concert rock qui commence semble
t'il très tard.
Pour le moment, je les ai entendu faire
la balance et quelques morceaux de ''répète'' , bon sang ça joue
bien.
Et me vient alors le souvenir de mon
arrivée à La Graciosa – la Graciosa des Canaries – le jour de
mes 60 ans en octobre l'an dernier, où tout pareillement la ville
était en fête et un groupe rock avait joué superbement ( ...du
Police entre autres, hein les fréros …!)
Décidément comment croire que le
hasard ne serait que seul en cause pour me présenter ainsi les
ingrédients de ce qui ressemble vraiment de plus en plus à la
fermeture imminente – et heureuse - d'une boucle …!
Des images à venir par la suite… le
concert rock va bientôt commencer … je vais en prendre plein les
oreilles, une nuit de nav' ... puis une nuit de rock ... pas belle la vie ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires ou messages sont les bienvenus ici.