Une semaine déjà que je me suis posé
aux Saintes.
Une vraie relâche. Cultiver l'art de
ne rien faire de précis ni prévu, laisser couler le temps qui
devient presque aussi immobile que le bateau. Tout comme Nomade, le
temps se dandine mollement au bout de son amarre, accroché à son
corps mort. Le corps mort du temps ?
Temps qui passe, temps qu'il fera,
temps pour faire ceci ou cela, temps pour aller d'un point de départ
à un point d'arrivée, tous deux pointés sur une carte marine.
Il me semble que ce voyage m'aura
appris – ou confirmé - au moins une chose que j'avais déjà
perçue à plusieurs reprises auparavant, c'est que le temps est bien
une notion relative, un peu comme une élastique, tout dépend
comment on lui tire dessus. ( … et des fois il vaut mieux éviter
de trop lui tirer dessus sinon l'élastique te pète à la figure
...)
Du côté du temps-météo, un coup
d'oeil sur les prévisions me laisse à penser que l'on peut oublier
un peu pour les jours à venir cette question qui reste sinon une des
préoccupations majeures, qui détermine toute la faisabilité de ce
que l'on prévoit ordinairement lorsque l'on navigue. Rien que ça,
cette possibilité d'oublier un peu ça quelques jours, c'est déjà
une forme de confort véritable. Presque un confort terrien,
finalement.
Un petit plouf dans l'eau le matin au
lever, suivi d'une brève douche encore tiède de mon sac à douche
qui a chauffé au soleil, balade vers la jolie plage de Pompierre et
ses cocotiers, avec re-baignade ou pas selon l'envie du moment, y
rester à baguenauder simplement un moment peut suffire, ou celle du
Figuier bien jolie aussi.
Plage du Figuier, au loin derrière, La Dominique ... peut-être un petit tour là-bas bientôt ?
Revenir dans le bourg sans but précis,
prendre un café avec Michelet (le pote Saintois à Bruno et Annick,
maçon-pêcheur-homme à un peu tout faire) croisé à une terrasse
un matin de son jour de repos, ou bien une bière ''chez les
filles'', ce petit bar-terrasse-sur-l'eau au centre-bourg où bosse
un jeune gars qui vit à bord de son Arpège, mouillé près de
Nomade, là j'ai de l'internet à volonté.
Me baigner à nouveau
depuis le bateau, faire une tarte aux pommes avant que mes dernières
pommes ne dépérissent … bouquiner, bouquiner…
Je crois bien que j'ai quasiment tout
lu de ce que vous m'aviez apporté lors de celle belle et inoubliable
journée de mon départ de Port Haliguen le 13 août 2016, puis j'ai
aussi glané ( et donc échangé parfois) ça et là de ces livres
qu'on trouve dans les espaces d'échanges libres de bouquins qu'on
trouve souvent dans les capitaineries ports, telle cette fluide et
agréable lecture de Cap'Tain Vagabond de Vincent Goudis qui a
parcouru – entre autres - les mers de Chine pendant dix ans de 1987
à 1997 à bord d'Amulet' son vieux gréement, son ''temple de
bois''.
Voyages dans le voyage …
Pour jouer le jeu de l'échange
gratuit, certains de vos livres embarqués sur Nomade continueront
donc le voyage à bord d'autres bateaux, vers d'autres destinations,
seront écornés par d'autres mains salées, parfois arrosés
d'embruns quand ils seront laissés le temps d'une manœuvre sur le
banc de cockpit par mer agitée… beau destin pour des bouquins,
non?
Et c'est l'esprit encore envahi de
l'univers étrange et envoûtant de Murakami (Kafta sur le rivage)
que je suis retourné une fin de journée marcher un peu puis refaire
quelques courses avant que le jour s'achève.
Je repars quand ?
Je ne sais pas trop encore, ni vraiment
où précisément, dans les jours à venir.
Vers La Dominique? Ou vers St François,
sur Grande-Terre, en Guadeloupe pour préparer un autre départ pas
trop ambitieux sur ce dernier mois avant le grand saut dans l'autre
sens?
Le barman-arpégiste m'a parlé de deux
petites îles inhabitées, les Iles de la Petite Terre. Avec Terre de
Bas et Terre de Haut, pas très loin de la Pointe des Chateaux, tout
à l'est de Grande-Terre(Guadeloupe) et entre Marie-Galante et La
Désirade. Les instructions n'en disent pas vraiment grand-chose de
fameux, mais lui me dit qu'il aime aller passer là-bas plusieurs
jours au mouillage, au milieu de quasiment rien une fois les vedettes
à moteur parties le soir, ou plutôt si, au milieu des tortues entre
autres, c'est une réserve marine. Mais il faut une bonne météo
avec peu de houle et pas trop nord-est pour envisager de mouiller en
sécurité là-bas, c'est tentant mais pas gagné.
Finalement je ne sais pas, ce ne sera
pas vraiment une ''décision'', ce sera plutôt ''au feeling'' du
moment.
Et puis il y a aussi les bateaux amis
qu'on retrouve de temps en temps, avec tout le plaisir des
retrouvailles et d'une bonne soirée … barbecue à bord de Genesis
mouillé à l'Ilet aux Cabris l'autre jour, apéro ++ à bord de
Maracudja, Wallis qui ne va pas tarder à arriver ici ...
Ô temps coule
Autant cool
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