Décrochage du mouillage de la Rade des
Saintes de bonne heure, puis remontée au louvoyage ( = tirer des
bords) au près serré dans le Canal Des Saintes qui sépare de la
partie Basse-Terre de la Guadeloupe. Le vent est très Nord-Nord-Est,
et la météo annonçait un renforcement de flux nord, et il est vrai
qu'un désagréable ressac faisait déjà rouler Nomade au mouillage
depuis la veille – pas agréable pour dormir. Les rafales à 30 –
35 noeuds et la mer forte annoncés avaient un peu motivé mon départ
avancé car avec une houle Nord, la Rade promettait d'être un peu
trop brassée, mais en fait si la tendance est là, la force prévue
n'y est pas tout à fait.
Un bon 15 noeuds au près et quelques
bords à longer en serrant un peu la côte de Basse-Terre, puis
j'entre dans le ''Petit Cul-De-Sac Marin'' ( encore un ..?), je frôle
l'Ilet du Gosier avec pas mal de monde au mouillage, un ou deux
grains pour garder le ton, puis j'appelle la marina Bas du Fort qui
me trouve une petite place dans un coin de ponton.
En place pour préparer l'arrivée de
mes deux visiteuses,
Repos, et l'incontournable bricolage
car mine de rien, depuis 5 mois de navigation, il y a toujours des
choses à revoir, à consolider, la matériel demande un entretien et
une surveillance permanente pour anticiper les problèmes.
E,ntretien et Réparations
Renforcement du davier:
Le davier c'est la partie tout à
l'avant ( l'étrave) du bateau dans lequel la chaîne d'ancre vient
faire son chemin. Il donnait des signes de fatigue, il bougeait dans
les mouillages remuants comme j'ai eu aux Saintes et je commençais à
craindre un arrachement.
- Perçage et renfort de vis de
fixations, assortis de belles contorsions allongé dans la baille à
mouillage ( le coffre de l'ancre et de sa chaîne) pour aller placer
les vis sur la pointe avant...
Renforcement de la barre:
J''avais déjà eu ce symptôme en
Irlande où la barre qui est en bois lamellé-collé devenait un
lamellé-décollé. Traité depuis, et bien rebelote, une zone se
redécolle avec donc des points de faiblesse. J'ai cherché à voir
si j'en trouverais une de remplacement, pas trouvé, ou alors il
faudrait voir ( et trouver ...déjà…) un charpentier de marine
pour en faire refaire une, à quel prix ? Allez je me débrouille...
- j'ai renforcé depuis l'axe de fixation de la barre jusqu'au point de fixation du téton d'accroche du pilote par une de ces barrettes profilées d'aluminium que je me félicite encore d'avoir emportées ''au cas où ça pourrait servir''.
Bon, ça devrait tenir, là ....
- mais j'ai aussi préparé – au cas où la barre casserait – ma fameuse ''barre de secours'' confectionnée avec deux manches de pioche jumelés, évoqués il y a quelque temps. Elle est prête à l'emploi, avec la prise de pilote en place...
Ambiance Route du Rhum:
Le ton est donné ici à Pointe à
Pitre, point d'arrivée de la mythique Route du Rhum.
Autour de la capitainerie, une
rétrospective sur panneaux d'affichages parle d'elle-même:
- première Route du Rhum en 1978, vainqueur Mike Birch, voyez les temps sur la photo, 23 jours 6 heures, suivi du malheureux Malinovsky qui se fait taper de 98 secondes sur la ligne d'arrivée
- en 1990 Florence Arthaud descend le temps à 14 jours 10 heures
- et en 2014, Loïc Peyron explose le temps en 7 jours 15 heures
En 36 ans, temps divisé par trois !!
Et entre ça ...
Et mon petit Nomade ... un monde d'écart !
Ambiance percussions:
Dans une rue de Pointe à Pitre.
Le final ( désolé, je n'ai que le final ..) que j'ai filmé ici était sur
un morceau adapté d'une berceuse dont les paroles sont:
dodo, bébé
bébé veut pas do'mi'
etc... etc …
Vigoureuse la berceuse !! Et ambiance
vu que tous les locaux la connaissant reprenaient le chant.
La vie, ça grouille ici :
La vie et notamment celle en-dessous de
la ligne de flottaison se développe à une vitesse étonnante.
J'ai déjà fait quelques séances de
plongée sous la coque au mouillage pour la frotter afin d'enlever
ces débuts de formations de mousses qui précèdent l'arrivée de
formes de vie subaquatiques plus volumineuses et accrocheuses.
Mais c'est quand j'ai vu un bateau à
sec sur la zone de carénage que j'ai été stupéfait. La quantité
d'algues et de concrétions végétales et animales sous la coque
était si impressionnante que j'ai demandé à son propriétaire
depuis combien de temps ça datait : 8 mois en statique, ici sur
place, me dit-il ! Eh bien avec ça il ne devait plus pouvoir avancer
bien vite ...
Ajouté à cela le fait que même sous
les pontons, par exemple, le long des piles en béton, se développe
une flore et une faune abondante.
A croire qu'avec une telle abondance de croissance,
tu laisses tomber une clope sans l'écraser, tu reviens l'année
suivante tu as un bureau de tabac... tout a l'air de pousser ici !
Faune et flore développée sur un pilier de ponton
On voit même, parmi les poissons multicolores, des petits barracudas immobiles à l'ombre du ponton.
5 mois déjà …! Quelques
chiffres:
Distance parcourue depuis le 13 août:
5325 milles nautiques, soit presque 10 000 kilomètres
Temps cumulé en navigation : 43 jours
et demi, à la vitesse moyenne ( tout confondu y compris les temps de
manoeuvres de 5,11 noeuds
J'ai fait 239 heures de moteur en tout,
qui représentent 23%¨du temps navigué, c'est assez important …
mais le moteur tourne en manoeuvres, en recharge batterie aussi
parfois, pas seulement en navigation pure.
Ma plus courte étape est de 2 milles
en une demi-heure
Ma plus longue de 2189 milles en 17,25
jours
En cumulant le tour de l'Irlande en
2015 avec 1600 milles en solitaire, et les autres navigations, j'ai
donc parcouru plus de 7000 milles nautiques, ou disons 13 000
kilomètres, en solitaire avec Nomade … je crois qu'on commence à
se connaître …
...et pour la dernière Route du Rhum tu oublies la victoire d'Anne Caseneuve en catégorie femme sur un trimaran de 50 pieds...!
RépondreSupprimer