Arrivée à Horta à 16H30TU dans un paysage quasi-irlandais, ciel chargé, brumes sur les collines - crachin, verdure en vert-de-gris.
distance parcourue : 2391NM en 19 jours, 3 heures 30 minutes - de quoi me dire " pas si mal" pour mon petit Nono de neuf mètres quarante.
Sur le livre de bord, les annotations sont du genre " 15h - largué ris" , "17h45 , repris un ris".
Du bon vent mais trés variant en force qui fait varier d'autant le cap et le capacité du pilote ou du régulateur d'allure, mais je voulais " faire marcher le bateau" et arriver sur Horta avant la nuit.
Chose faite - à 16h30 le samedi 20 mai je suis amarré, mais à couple en troisième position derrière deux gros catamarans, puis un sous moi qui s'en va, alors je décroche, tour dans le port, je manoeuvre et me raccroche au suivant, etc ...trois fois de suite ... .la capitainerie, est-ce par banalisation de nos épopées marines qu'elle voit arriver journellement, ne fait aucun cas du solitaire qui doit faire, refaire et rerefaire sa manoeuvre de port... Bah, après 19 jours de haute mer, pas de quoi me fouetter mon chat ....Jusqu'à ce qu'on me donne une place bien tranquille à un ponton .... douche sublime dont l'écoulement chatoyant et tiède sur ma peau de vieux buffle boucanée apporte l'équivalent d'une cure de jouvence dans le meilleur des relais thalassothérapeutiques, suivie d'un mega-steak frites longtemps rêvé qui assouvit un besoin tout autant irrépressible ... Et puis on laisse aller cette glissade dans un moment du bonheur accompli.
Que dire d'autre dans ce flottement qui s'approche d'une ivresse ?
Quels mots assez forts pour en partager un peu avec vous ?
Je prendrai le temps de vous dérouler ça avec la concoction de quelques images que je veux croire dépasser bien des mots ... Encore faudra-t-il qu'un réseau " oui-oui" le fit ....car c'est pas vraiment encore ça ...je vais préparer tout ça pour le publier incessamment.
En attendant, et comme on dit dans les fins de banquets - car ces 19 jours en furent un sacré bon sang de banquet - je vais vous pousser une sorte de chansonnette que j'ai concoctée pendant la dernière nuitée marine, en plein milieu l'atlantique, car l'alexandrin est bien comme une chansonnette, avec sa rime et son rythme, en écho à ce rythme de l'océan qui m'a bercé ( ... secoué, balloté, retourné, chahuté ...) pendant tous ces jours.
Métamorphoses
Enveloppé de nuit dans sa métamorphose
L'océan me délivre ses chants et ses proses
Et mon sillon creusé dans ses flots apaisés
S'effacera sans trace ni ornière laissée
Mais dans le souvenir à tout jamais gravé
Je sais que je pourrai revenir me baigner
Du fond de mes appels un rêve a tant grandi
Qu'il en est devenu une tranche de vie
Hypothèse initiale que j'avais entrevue
Tout un monde nouveau m'est alors apparu
Qui exhuma en moi la force d'avancer
Et les motivations pour ne pas renoncer
Amniotiques plongées des nuits ultramarines
Frême esquif entoilé fendant l'encre de chine
D'un océan nocturne constellé de pluriels
J'allai au fond de moi en récolter le sel
Et les brises sucrées m'invitèrent à boire
Au calice doré d'inoubliables soirs
Les dieux n'ont pas moqué ma coquille de noix
Je les ai même vus me sourire quelques fois
Eole ne m'a que de rares fois oublié
Et Neptune m'a comblé de ses houles variées
Et quand ils firent front tous les deux en cadence
Ils m'ont donné à vivre un beau moment de transe
Est-on vraiment le même quand abordant le quai
On ne peut définir ce qu'il y a de changé
Les vieilles certitudes n'ont plus vraiment leur place
On regarde le monde cette fois en face
Convaincu qu'il est beau on défie les oracles
Et on s'asseoit enfin admirant son spectacle
Bien joué, captain !
RépondreSupprimerRepos bien mérité à toi et ton fringant Nonô sur ce versant Est de l'atlantique
Captain Pat
Bravo Dominic.
RépondreSupprimerGran navegante.
Sigo tu blogg desde que estuvimos en Gijon tomando el carajillo.
Saludos
Iñaki
Hola Iñaki
RépondreSupprimermuchas gracias para tu comentario
Recuerdo muy bien esta noche con ustedes en Gijón y el carajillo
saludos
Dominique