Quelques
chiffres :
Nombre de jours de voyage : 341 – du 13 aout 2016 au 22
juillet 2017
Temps de navigation cumulé : 83 jours et demi soit 25%
du temps total
Distance parcourue : 10 016 milles nautiques
La plus longue étape : 2391 milles nautiques, de Pointe
à Pitre (Guadeloupe) à Horta (Açores), en 19,15 jours
La plus grande distance sur 24 heures = 152 milles lors de la
transat retour avant les Açores
Temps d'utilisation du moteur : 376 heures, soit 19% du
temps navigué, mais le moteur est parfois utilisé hors navigation, pour
recharger les batteries par exemple au mouillage sans soleil et sans vent.
Bien entretenu, ça a
bien tenu :
Nomade revient à son point de départ dans un très bon état
global compte tenu du parcours effectué.
Les voiles restent en très bon état et ne semblent pas avoir
souffert.
-
Grand-voile en hydranet
o
Seconde grand-voile en dacron classique, non
utilisée, de secours.
-
Génois en mylar-double taffetas
o
Second génois classique en dacron utilisé pour
le portant entre Cap Vert et Antilles
-
Spi assez peu utilisé, en solitaire et dans des
mers formées je préférais éviter d’avoir à gérer des manoeuvres de spi.
-
Par contre j’ai très souvent tangonné le génois
au portant, il porte mieux, bat et faseye beaucoup moins et s’abime par
conséquent beaucoup moins.
Taud de grand-voile bien fermé à l’arrivée autant que
possible pour limiter l’action des UV.
Rincer de temps en temps les voiles permet de dessaler les
coutures qui sinon s’abiment plus vite.
Le moteur Yanmar 18CV à priori d’origine (1991) tourne comme
une horloge ;
Bien révisé, vidangé, anodes remplacées, rotor de pompe à eau
changée, au départ, puis en milieu de parcours à St Martin aux Antilles (+280
heures depuis le départ)
Carénage et antifouling avant départ et en milieu de parcours
à St Martin.
Dans les eaux chaudes des Caraïbes, la coque se peuple de
nombreux habitants végétaux et animaux à grande vitesse. J’ai souvent frotté la
coque en apnée pendant les mouillages pour limiter la prolifération.
Ce qui a
souffert :
La rupture du rail de tangon pendant la transat Cap-Vert –
Antilles est la seule vraie casse enregistrée.
L’arrachage d’arbre d’hélice vers St Barth résulte en partie
de la somme d’un ‘’ pas de bol’’ pour le bout dans l’hélice et du ‘’massacre’’
du tourteau aux Canaries lors du changement d’hélice.
Les joints de hublots et des plexiglass latéraux ont sans
doute séché (et/ou craquelé ?) et
perdu de leur étanchéité. Pendant les longues traversées avec les vagues
arrosant le point en permanence, j’ai eu des entrées d’humidité dans les
équipets latéraux supérieurs du carré et notamment des livres (mes beaux guides
de navigation) mouillés et abimés. Les plexiglass sont également bien faïencés,
ils l’étaient un peu avant le départ, mais désormais ils sont à changer.
De même les matelas de la cabine avant et les coussins du
carré prenaient vite l’humidité pendant les grandes étapes et mettaient du
temps à bien sécher.
La capote de rouf a bien souffert. Avec la somme des
arrosages incessants, le sel et les UV de ce parcours très ensoleillé, les
coutures lâchent les unes après les autres. Un écran transparent de la capote
s’est entièrement décousu pendant la traversée du Golfe de Gascogne. J’ai fait
des reprises de coutures à la main en cours de voyage, et à la machine à la
maison, mais elle sera à refaire entièrement assez rapidement.
Une bonne capote est un élément de confort important pour un
tel voyage, je dirais même primordial et indispensable.
La drisse de grand-voile, changée à St Martin, a ragué contre
les joues latérales du réa en tête de mât après les nombreuses prises et
largages de ris effectués depuis le cockpit et parfois à la ‘’va-vite’’, arrivé
à Horta elle était en amorce de rupture, c’aurait été très–très ennuyeux en
cours de route !
Fuite d’eau au presse
étoupe.
Le presse étoupe de Nomade est un joint de type ‘’joint Volvo’’.
Lors de la révision d’avant départ il avait été changé. Mais
il me semble qu’il a commencé à fuir dès ce changement car je retrouvais
fréquemment de l’eau dans le fond du bac moteur.
Après le changement d’hélice aux Canaries, ça ne s’est pas
arrangé vu le ‘’massacre de tourteau’’ fait au démontage de l’arbre et remarqué
par le seul pro digne de ce nom à qui j’ai eu à faire ensuite à St Martin (http://dom-nomade.blogspot.fr/2017/03/un-petit-tour-sec.html)
De fait j’ai toujours eu ce suintement qui à la longue finit
par faire une petite quantité d’eau qui vient parcourir les fonds du carré
après des bons coups de gîte.
Ce type de joint ne devrait pas fuir ainsi après si peu
d’heures.
De mémoire, même lors de la révision d’avant départ j’avais
entendu là aussi le gars ( .. du Crouesty …)
taper sur le tourteau un peu comme celui des Canaries pour extraire
l’arbre d’hélice. Tous ces ‘’pros’’ ne savent manifestement pas démonter un
tourteau Vetus correctement, et m’ont endommagé cette partie-là, car je n’avais
jamais eu de tel écoulement d’eau au presse étoupe auparavant.
Je ne citerai pas le nom des ‘’pros’’ … mais ils le mériteraient.
Moralité : ne vaudrait-il pas mieux faire
soi-même ? Pas sur tout, mais sur cette partie, je l’envisage
désormais ! Revoir le joint Volvo et l’arbre ?
L’indispensable :
Surtout en solitaire, le régulateur d’allure.
Sans mon brave Benhur, je ne sais pas si je serais allé au
bout de ce voyage tout seul.
Quasiment exempt de risque
de panne vu la simplicité mécanique, ne consommant aucune énergie, capable de
tenir le bateau sur son cap même en cas d’avarie d’énergie ou de panne
électrique, c’est un vrai élément de sécurité et je peux le dire …un vrai compagnon,
un barreur à part entière.
Ce qui a manqué ou
devrait être amélioré :
Un bimini. Je n’en avais pas car la bôme est très longue,
elle va non loin du pataras à l’arrière et elle est assez basse, donc difficile
d’en mettre un, mais je dois avouer que parfois certaines navigations en plein
‘’cagnard’’ étaient assez éprouvantes.
Pas facile sur Nomade cependant ….
Un support pour l’annexe.
Au départ d’un mouillage, remonter l’annexe à bord, la
dégonfler, la plier et la ranger, puis refaire tout à l’inverse au mouillage
suivant. Ça devient vite fastidieux.
La laisser sur le pont et naviguer comme ça, je n’aime pas,
ça encombre le pont, coince les écoutes….
Les solutions classiques, annexe suspendue par un palan à un
portique arrière, ou à des bossoirs, ne sont guère accessibles à Nomade qui est
doté d’un régulateur d’allure qui encombre l’arrière et nécessite un espace
aérien vierge de perturbations de flux d’air pour bien fonctionner.
Priorité était donnée au régulateur d’allure, j’ai donc fait
l’impasse sur cet élément de confort tout comme sur le précédent…qui en sont
pourtant tous deux de vrais de vrais !
Dans le même esprit ‘’confort d’un mouillage à l’autre’’ un
davier plus costaud à l’avant qui permette de laisser l’ancre à poste une fois
remontée.
Celui de Nomade actuellement ne le permet pas et nécessite
d’aller à l’avant pour remonter l’ancre ( une Brittany 16 Kg penché et à bout
de bras, c’est parfois lourd et casse-dos) à bord et la ranger dans la baille à
mouillage.
Ces trois points sont un peu des conséquences de la taille
modeste de Nomade qui ne permet guère de les mettre en place comme ils le sont
sur la quasi-totalité des voiliers rencontrés en transat et généralement plus
gros.
En matière de sécurité :
Le harnais? En solitaire j’en ai pris l’habitude un peu comme
la ceinture de sécurité en voiture, il était presque toujours capelé, avec une
double longe prête à l’emploi, de manière à éviter autant que possible d’aller
par exemple à l’avant ‘’vite fait’’ en faisant l’impasse sur le geste de prudence
… une connerie, un pied qui bute quelque part, et … plouf ? C’est si vite
arrivé … !
Des exceptions dans les grands farnientes-bronzage allongé dans
le cockpit par temps léger, guère plus.
Facile à manœuvrer en solitaire, très habitable pour autant,
un avantage non des moindres pendant ce voyage a été que compte tenu de sa
taille modeste, Nomade a toujours trouvé une place partout où je suis
allé, y compris dans des ports parfois encombrés.
Et mine de rien, c’est un vrai ‘’confort’’.
On constatera assez souvent qu’en matière de bateau, les
frais sont relativement proportionnels à la taille. Cette taille modeste est
aussi un élément de simplicité, donc de risques de pannes amoindris il me semble. Une barre franche par exemple est fondamentalement plus simple
mécaniquement qu’un système de barre à roue.
Les manœuvres de voile en solitaire ont été facilitées aussi
par la prise de ris entièrement depuis le cockpit, facilité et sécurité.
En conclusion
Nomade et ses 31 pieds (9m40) était la plupart du temps dans
les plus petits pour un voyage comme celui-ci où la taille moyenne se situe
plutôt entre 12 et 13 mètres.
Dans les grosses mers, il s’est toujours comporté sainement et
je ne me suis jamais senti en danger.
Voilier de construction allemande à la fois robuste et
véloce, je ne saurais dire si beaucoup d’autres 31 pieds se seraient comportés
aussi bien … mais Nomade en définitive a …tout d’un grand !